Une heure avec les super-héros de l’école Jules-Ferry

Depuis les vacances de la Toussaint, un club d’accompagnement à la scolarité a vu le jour pour les enfants de l’école Jules-Ferry. Géré par des animatrices et bénévoles de la Ligue de l’enseignement, il vise à combler les lacunes des jeunes et les aider à s’épanouir. Rencontre.

Le super-héros, ce personnage à la silhouette de rêve, qui possède des pouvoirs magiques, porte une cape et sauve le monde. On pourrait croire qu’il n’y en a pas à Saint-Dizier, alors qu’en fait… Les enfants scolarisés à l’école Jules-Ferry prouvent le contraire. Surtout la poignée d’entre eux qui participent aux séances d’accompagnement à la scolarité – deux fois par semaine – après les cours.

Depuis la rentrée scolaire 2022, un club a vu le jour à Saint-Dizier. Piloté par la Ligue de l’enseignement, il s’inscrit dans le cadre du Projet éducatif de territoire de la Ville (PEDT). De quoi pallier un réel manque sur le quartier de La Noue en termes de soutien à la scolarité. Pour les jeunes de Jules-Ferry, « on est vraiment sur de l’accompagnement personnalisé. Le but, c’est de réduire les inégalités », appuie Leïla Aba, coordinatrice pour la Ligue de l’enseignement. 

Découverte

Alors que les CE2, CM1 et CM2 font leurs séances au club Léo-Lagrange, c’est au conservatoire que les élèves de CP et CE1 se rendent après les cours. « C’est une volonté de la Ville de quitter le cadre scolaire », poursuit Leïla Aba, cette fois-ci avec sa casquette d’élue déléguée à la jeunesse. Le temps d’une heure, jeudi 25 mai, nous avons pu suivre une séance avec les plus petits.

Au cœur de la structure où les notes de musique résonnent derrière les portes fermées des salles, une petite salle a été mise à disposition grâce à la directrice, Cécile Deladoeuille. En ce jeudi après-midi, ils sont six super-héros à la rejoindre. Des super-héros visualisables sur l’un des murs, où chaque jeune s’est dessiné. « Plutôt que de toujours parler de public en difficulté, on voulait trouver un terme qui les valorise, les mette en confiance », explique la coordinatrice de la Ligue.

Mais pour pénétrer dans la salle, il faut un code. Caroline, l’une des trois animatrices, prononce, par exemple, le mot « Entrée ». « À tour de rôle, ils montrent chaque lettre de l’alphabet qui compose le mot pour le former. C’est notre petit rituel. » Une fois la prise du goûter, pour démarrer sous de bons auspices, effectuée, la jeune animatrice aide deux enfants à l’écriture : « Le son « fa », on peut l’écrire « fa », mais aussi « pha » ». Sur une autre table, Sandrine s’occupe du calcul, tandis que Marie insiste sur les mots et leur prononciation.

Ludique

Tout se fait de manière ludique. Les armoires regorgent de jeux où la logique est nécessaire. Les dessins de super-héros se mêlent aux paysages magiques où les enfants doivent faire une addition pour déterminer la couleur de chaque case. Le but n’est pas de faire leurs devoirs ou de se substituer à l’école, seulement d’essayer de combler les lacunes de chacun. À en croire Marie qui s’occupe aussi des CE1, l’évolution est réelle après 6 mois : « Ils font des progrès incroyables. Ils sont également plus à l’aise, chacun avec leurs personnalités différentes. » L’animatrice bénévole prend l’exemple de Nolan, un garçon « timide », qui a appris à s’ouvrir et à gagner en confiance en lui.

C’est par une activité collective que la séance se conclut. Un petit jeu de cartes pour travailler sur les émotions : en apprendre de nouvelles, savoir comme les écrire, les prononcer. Caroline donne le ton aux jeunes qui se montrent très inspirés. Leurs questions l’illustrent : « Est-ce que c’est un sentiment positif ? » Chacun pose sa question et partage ses connaissances. « C’est quoi être amoureux ? » Kathleen répond par des gestes. On en viendrait presque à dire « trop mignon ».

Les élèves de CP terminent leur session du jour, le sourire aux lèvres, un petit bonbon en guise de récompense, avec la hâte de revenir lundi pour la prochaine session. Si petits, mais déjà si grands.

Louis Vanthournout

l.vanthournout@jhm.fr

Le processus

Ce club d’accompagnement à la scolarité des enfants de l’école Jules-Ferry a vu le jour durant cette année scolaire. En septembre et octobre, l’établissement, via sa directrice Carole Brossard et les enseignants, a ciblé les élèves dits « en difficultés ». Certaines sont liées à lecture, l’écriture, ou encore au calcul, soit des bases qui demeurent très difficiles à assimiler, y compris l’année avant le passage au collège.

Des discussions ont ensuite eu lieu avec les parents pour évoquer ces sessions qui ont également pour objectif d’impliquer davantage ces derniers dans l’éducation de leurs enfants.

Puis, un contrat a été signé avec les jeunes, une sorte d’engagement pour qu’ils participent le plus possible aux séances depuis la toute première, après les vacances de la Toussaint. Le contact entre école, parents et animatrices n’est jamais rompu, dans le cas où un enfant décrocherait plus tard en cours d’année et pourrait être intégré au groupe de super-héros par la suite.