Ce que révèlent les pièges photographiques du Parc national
Initialement, le dispositif avait vocation à assurer une veille dans le cadre du passage éventuel en cœur de Parc des grands prédateurs comme le loup ou le lynx. Mais les 28 pièges photographiques installés depuis plus d’un an permettent surtout d’en savoir plus sur la faune sauvage de nos forêts.
C’est le tout premier exercice du genre. Le travail minutieux et fastidieux réalisé par les équipes du Parc national de forêts avec l’indispensable appui des agents de l’OFB (office français de la biodiversité) et de l’ONF a été salué mardi 16 mai à Châtillon-sur-Seine.
Le Parc national présentait ce jour, salle Luc Schreder, le bilan du suivi de la faune sauvage par pièges photographiques sur une durée de près d’un an, entre le 1er mars 2022 et le 22 février 2023.
Ce sont effectivement une petite trentaine de pièges photographiques qui ont été installés en cœur de Parc national. Philippe Puydarrieux, le directeur, a resitué l’opération dans son contexte. Initialement, le dispositif a vocation à permettre une veille sur les éventuels passages dans le périmètre du Parc national des grands prédateurs comme le loup et le lynx. La charte du Parc national de forêt stipule cette anticipation obligatoire de leur présence dans un contexte où l’espèce, le loup en l’occurrence, connaît une croissance de sa population sur le territoire national.
La vie dans nos forêts
Mais il aurait été dommage de déployer ce dispositif de pièges photographiques uniquement pour « traquer » loups ou lynx. L’opération doit permettre un suivi plus global de la faune sauvage qui vit dans nos forêts. A l’avenir, l’analyse des données pourrait aussi déboucher sur une analyse plus scientifique sur l’évolution et le comportement des espèces. Grâce à ces pièges photographiques, implantés judicieusement en fonction des milieux et pour obtenir une bonne représentativité de tout le territoire, c’est toute une vie dans la forêt qui se dévoile.
Plus de 40 000 images
Les photographies et vidéos ont été relevées toutes les trois semaines. Et toutes les données ont été prises une par une pour être classées. Ont été retirés bien sûr les « contacts » avec les usagers (marcheurs, cyclistes) et les chiens. Au total, 40 391 images (non vides) ont été visionnées débouchant sur moult enseignements.
Un « contact » avec un loup, aucun avec un lynx
L’étude fait état d’un seul contact (photographique) avec un loup à l’automne 2022 et un seul aussi avec un chamois. En revanche, pas de trace pour l’instant de lynx. En 2019, un lynx boréal était capté à l’aide d’un piège photographique en forêt domaniale d’Auberive. Depuis, le lynx n’avait « plus fait parler de lui » jusqu’au 13 avril dernier où un cliché montre le passage d’un lynx dans le secteur Rongeant/Poissons. Loin donc des forêts du Parc national.
Céline Clément
Chacun son coin ?
Des inégalités spatiales montrent que certains pièges photographiques captent davantage d’espèces ou groupes d’espèces que d’autres. C’est le cas notamment pour les sangliers et les chevreuils où les plus grands nombres de contacts se situent au niveau du piège qui concerne une prairie. Pour les renards, la répartition du nombre de contacts semble plus homogène entre les pièges.
Les plus grosses concentrations de contacts des blaireaux se situent notamment sur le massif forestier d’Arc-Châteauvillain. Les chats forestiers semblent présents partout étant donné que la quasi-totalité des pièges photos les captent mais les plus fortes densités de contacts se situent dans le massif de Châtillon, zone également très riche en contacts de lièvres.
Les passages varient aussi en fonction des saisons
Les passages de la faune sauvage présentent aussi des variations temporelles : les contacts de sanglier suivent un déclin prononcé à partir du mois d’octobre, ce qui peut s’expliquer par l’ouverture de la période de la chasse, faisant baisser leur population.
Pour les chevreuils, la dynamique des contacts est moins nette mais pourrait également s’apparenter à une croissance jusqu’à la saison de chasse pour ensuite diminuer de façon moins linéaire jusqu’au printemps. Les contacts de renards représentent deux pics : un premier à la fin de l’été correspondant probablement à l’activité accrue et la dispersion des jeunes de l’année, et un second en février, correspondant peut-être à la période du rut. Les renards se feraient alors plus discrets lors de la période de mise bas et d’élevage des jeunes ainsi que lors de la période hivernale précédent le rut.
Davantage de pièges
Le dispsitif s’étoffe car il est question de l’implantation de 30 pièges supplémentaires.