Tellement banal – L’édito de Christophe Bonnefoy
Ça ne devrait pas l’être. Mais ça l’est devenu. Le racisme dans les stades est aujourd’hui d’une triste banalité. Permettez à quelques centaines d’abrutis – pas plus – de rentrer dans une enceinte sportive et vous entendrez des propos d’un autre temps.
Supporter un club, ce n’est pas tout se permettre. Et sûrement pas insulter, humilier, basculer dans la violence gratuite. Et pourtant… La star Vinicius, joueur clé du Real Madrid, a encore fait les frais ce week-end de l’imbécilité rampante. Singe. Voilà le qualificatif d’une rare intelligence lancé pendant un match à l’adresse du Brésilien par certains pour dérouler leurs bas instincts. Débile autant que répréhensible. Ridicule autant que blessant, évidemment.
Seulement, le football, aujourd’hui, baigne dans l’hypocrisie. Ici ou en d’autres lieux, d’ailleurs. En matière de racisme, mais pas seulement. Vinicius en Espagne. Mais en Italie aussi, notamment. Ou encore, récemment, Christophe Galtier en France, avec une banderole déployée il y a quelques semaines et qui visait la mère – malade – de l’entraîneur du PSG.
Alors on fait quoi ? Voilà des années qu’on entend le même discours : « inadmissible, on va sévir ». Hypocrisie, donc ? Refus des instances de s’atteler, vraiment, au problème ? Ça en a tout l’air. Impuissance en tout cas. En Espagne, la justice vient d’ouvrir une enquête sur les faits du week-end. Voyez-vous cela… Et pour quels résultats ?
Réflexion toute bête, dira-t-on, mais finalement pas si inopportune. Et si, lors du match contre Valence dimanche, les joueurs du Real, avec le poids qui est le leur, avaient comme un seul homme quitté la pelouse ? Et si tous les joueurs de tous les championnats, dans de telles situations, décidaient d’en faire de même ? Là, peut-être, les choses bougeraient-elles, et beaucoup plus vite. Peut-être n’attendrions-nous pas des années pour exclure les fameux abrutis de la sphère footballistique.