Les murs ont la parole : la genèse de Notre-Dame de la Paix

Retrouvons aujourd’hui la Madone qui surmonte la porte Henri 4, surnommée « Notre-Dame de la Paix » ou « la Vierge de Sous-Mur ». Le chanoine Marcel, nous éclaire sur les mystères qui entourent cette œuvre, dans un fascicule paru en 1919.

Nous nous sommes quittés dimanche dernier, en nous demandant à quelle époque avait été réalisé ce « délicieux morceau de sculpture ». Nous étions tentés de penser que porte et statue étaient contemporaines. Restait donc à savoir la date de construction de la porte, sachant que, comme beaucoup de monuments anciens, elle fut bien des fois remaniée. Ouvrez l’œil, une date est gravée : « 1604 », ainsi que le nom « H IIII » pour Henri 4, et une fleur de lys. Selon le chanoine Marcel, ce qui date de 1604, ce n’est pas la porte elle-même mais le pont-levis dont elle fut munie (on voit encore les encoches pour monter sa machinerie) et une statue équestre à demi-relief du roi Henri 4 (aujourd’hui disparue). Mais la porte proprement dite est plus ancienne. Un inventaire municipal où est analysé un compte du maitre des œuvres Jean Genevois le jeune nous donne cette fourchette « 1511-1520 », « Construction d’une nouvelle porte à herse au-dessus de Sous-Mur ».

Creusons encore un peu. Un important évènement d’ordre militaire se produisit non loin de Langres durant cette période, qui a obligé la ville à se mettre en état de défense. Il s’agit du siège de Dijon par les Suisses en 1513. L’ennemi était à Lux, Bèze, Til-Châtel… à deux pas de nos murs. Une attaque était probable. On plaça sur la tour de Navarre des canonnières, on réquisitionna les habitants des villages voisins pour travailler aux fossés de la cité, on fit des achats de salpêtre et de souffre…

Nous pouvons ainsi en conclure que la construction de la porte fut sans doute ordonnée en 1513, dans le but de protéger Langres contre une attaque. La suite dimanche prochain.

De notre correspondante Angélique Roze