Tapis rouge – L’édito de Christophe Bonnefoy
Place aux acteurs. Le tapis rouge est déroulé. Chacun dans son rôle. Avec, comme dans tout bon scénario, un méchant, un gentil, des rebondissements peut-être, des drames, des rires et, qui sait, comme disent les Américains, une “happy end” ?
Place à la montée des marches. Place à la présidente du jury ? Quoi ? Présidente ? On aurait donc remplacé à Cannes l’excellent Ruben Östlund, cinéaste suédois aux deux Palmes d’or, par une pointure féminine de la planète ciné ? Ah mais, il y a maldonne. C’est bien d’affaire franco-française qu’on parle là. Les marches sont parisiennes. Celles de Matignon, plus précisément. La meneuse de revue – ou de débats – est Première ministre. Et les acteurs principaux sont, tout simplement, les représentants des syndicats, qui ont accepté de se remettre autour de la table pour parler vie quotidienne des Français. Dans les dialogues du nouveau synopsis, Elisabeth Borne n’avait pas prévu la réforme des retraites. Ses hôtes ont tenu, toutefois, à apporter leur touche. Sans doute dans une sorte de baroud d’honneur. Ils seront coupés au montage, probablement.
Plus sérieusement, alors que la Croisette se déchirait – ou pas – ce mardi autour des cas Johnny Depp et Maïwenn, la discussion reprenait à Paris avec les représentants syndicaux, sans véritable ordre du jour d’ailleurs, mais autour de l’idée de « nouveau pacte de la vie au travail ». Qui vivra… verra ce qu’il en sortira.
Tiens, on pose ça là – pour sourire un peu – le titre de trois films projetés cette année à Cannes. Histoire pour chacun d’établir son pronostic. Social s’entend. “Anatomie d’une chute”. “Vers un avenir radieux”. “La chimère”.