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Raymond Chalavon

Ouvrier, catholique et résistant : Raymond Chalavon, martyr de La Vendue

Raymond Chalavon
Raymond Chalavon (1921-1943). Collection Daniel Baillache.

A l’automne 2021, la commune d’Unieux, près de Saint-Etienne, dans la Loire, baptisait un square de la ville du nom d’un résistant fusillé par les Allemands : Raymond Chalavon. Un nom qui n’est pas totalement inconnu à Chaumont : il est gravé – de façon incorrecte – sur la stèle des martyrs de La Vendue, où le jeune homme a été fusillé le 5 août 1943. 

Qui était-il ? Des informations recueillies auprès de Daniel Baillache, de Villiers-le-Sec, dans un dossier d’enquête conservé à Dijon et dans la notice qui lui a été consacrée dans le dictionnaire Maitron des fusillés permettent aujourd’hui de répondre plus précisément à cette question. 

Raymond Chalavon est né à Firminy (Loire) le 28 mai 1921. C’est le fils d’un métallurgiste qui était employé par les Aciéries et Forges de Firminy et qui s’est installé ensuite à Unieux. Lui-même embauché dans cette société à l’âge de 16 ans, adhérent de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), le jeune homme est appelé avec la classe 1941 à servir au 8e régiment d’infanterie.

Mouvement Lorraine

Dégagé de ses obligations militaires en novembre 1941, Raymond Chalavon retrouve son emploi aux Aciéries et Forges puis part travailler à Saint-Etienne, jusqu’à sa démission en avril 1943. Appelé au STO, le jeune Appelou – gentilé des habitants de Firminy – parvient à éviter le travail en Allemagne – il se serait échappé au cours de son transport – et, se trouvant en Haute-Marne, il aurait intégré le mouvement Lorraine.

Lorraine est, dans le Nord-Est, la branche du mouvement de résistance “Ceux de la Résistance” (CDLR). Il est animé, en Haute-Marne, par plusieurs grands patriotes comme le journaliste chaumontais Charles Martin, l’artisan Marcel Arburger (jhm quotidien du 9 mai 2023), l’abbé Emile Darbot ou l’instituteur Gabriel Piot.

Dénonciation

Dans la nuit du 24 au 25 mai 1943, Raymond Chalavon se livre, avec un jeune domestique de culture de 18 ans prénommé Henri, à un vol de linge dans le château de Buxières-lès-Villiers. La nuit suivante, les deux comparses la passent chez un Chaumontais, Henri Laborde (lire en encadré), mais le 26 mai, les gendarmes français de Chaumont, enquêtant sur le vol, mettent la main sur l’employé agricole. Ils apprennent alors que Chalavon et son logeur sont entre les mains de la police allemande… « sur dénonciation » du nommé Henri. Fait aggravant : lors de la perquisition, la feldgendarmerie a découvert un pistolet automatique chargé.

Incarcéré à la maison d’arrêt du Val-Barizien, où il a pour co-détenu, dans la cellule n° 22, Paul Baillache, de Villiers-le-Sec*, le jeune Ligérien est condamné à mort par le tribunal militaire de la feldkommanantur 769 le 26 juillet 1943 pour « vol d’un revolver à un militaire allemand, intelligence avec l’ennemi et dépôt d’armes ».

« Mourir jeune »

Avant l’exécution de la sentence, Raymond Chalavon est confessé par Mgr Louis Desprez, à qui il confie une lettre destinée à sa tante qui est religieuse. Dans cette missive, le jeune homme écrit : « J’ai une triste mission à vous confier et ce n’est pas sans émotion que je vous adresse ces lignes. J’avais l’intention de n’en jamais rien laisser savoir à ma famille, mais j’oubliais que l’Administration se chargerait de ces formalités et sans délicatesse pour la santé de ma mère […] » 

« Dites aux miens que si je retourne à Dieu, c’est avec bonheur et qu’ils ne me pleurent pas. J’aurai une grande satisfaction : celle de mourir jeune et pour une belle cause. Je paie ainsi le tribut du sang qui avait été épargné à notre famille pendant les deux guerres, et c’est bien juste. »

Raymond Chalavon est fusillé sur le champ de tir de La Vendue, alors commune de Brottes, le 5 août 1943. Il est la quatrième victime en ce lieu, après Edouard Aubertin, Jean Huot et Alexis Valadon – dont le nom ne figure toutefois pas sur la stèle. Lui qui a reçu la médaille militaire, la Croix de guerre et la Médaille de la Résistance à titre posthume repose aujourd’hui à Unieux.

Lionel Fontaine

*Dont la famille conserve toujours un portrait de Raymond Chalavon.

Sources : Dictionnaire Maitron des fusillés ; dossier d’enquête 29 U 25 conservé par les Archives départementales de la Côte-d’Or ; archives de la famille Baillache. 

Ancien combattant emprisonné Outre-Rhin

Ancien combattant 14-18, le logeur de Raymond Chalavon, Henri Laborde, né à Langres en 1894, domicilié à Chaumont, avait été fait prisonnier en juin 1940 et libéré quelques semaines plus tard. Arrêté le 26 mai 1943, il n’a pas été fusillé mais déporté le 11 juillet 1943 en direction de la prison de Bayreuth. Le couple Cousin, impasse de la Biscuiterie, chez qui le pistolet a été retrouvé, a été également arrêté. Henri Laborde a été rapatrié le 20 mai 1945. Son dénonciateur Henri, pupille de l’Assistance publique originaire de Bretagne, a été condamné à la Libération par la cour de justice de la Haute-Marne à Dijon.

HISTOIRE. Il y a 80 ans, le 26 mai 1943, Raymond Chalavon était arrêté à Chaumont pour fait de résistance. Il est le quatrième patriote fusillé à La Vendue, alors commune de Brottes.

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