Jean-Claude Daniel : « Mettre en oeuvre différemment le fonctionnement démocratique »

Comme s’il y était engagé, Jean-Claude Daniel (apparenté socialiste) n’aura exercé qu’un mandat de député : de 1997 à 2002. Voilà quinze ans que l’ancien maire de Chaumont, qui reste engagé dans la vie publique par le prisme associatif, est retiré de la politique. Mais il est à même, par son expérience, de préconiser certaines initiatives visant à rétablir la confiance entre électeurs et élus.

Le premier constat dressé par Jean-Claude Daniel, c’est que « la démocratie représentative s’exerce mal, parce qu’il y a un manque absolu de confiance dans la représentation ». Les taux d’abstention qui augmentent d’élection en élection en sont la preuve. Pour mettre en oeuvre « différemment le fonctionnement démocratique », il faudrait d’abord, selon l’ancien député-maire de Chaumont, que les partis politiques reconstruisent des « corpus idéologiques forts, qui unissent la population pour atteindre des objectifs précis » plutôt que de privilégier « des programmes électoraux qui durent moins longtemps que les mandats électifs ». C’est, précise-t-il, ce à quoi se sont employées les organisations syndicales qui souffraient d’une « désaffection » mais qui ont pu récemment, en défendant « une idée commune », enregistrer de nouvelles adhésions.

« Sortir des faux semblants »

Jean-Claude Daniel estime également que la représentation parlementaire doit enfin être « le reflet de la diversité sociale ». Si les partis intègrent cette diversité, cela participerait au retour de la confiance du corps électoral. Laisser enfin, pour « l’observer », la possibilité à un référendum d’initiative partagée (RIP) d’être mis en oeuvre, regarder la durée du mandat de président et l’inversion du calendrier élection présidentielle – élections législatives, « faire fonctionner la démocratie participative, à condition de sortir des faux semblants occasionnels » qui démobilisent les personnes « sincères dans leur engagement » – exemple la Convention citoyenne pour le climat – sont également des outils nécessaires au rétablissement de cette confiance. Comme il y a besoin de « retrouver l’éduction à la citoyenneté, à l’éducation populaire au sens noble du terme, à la démocratie ».

« Fiasco total »

Sur la réforme des retraites, « on a atteint toutes limites d’un fonctionnement non démocratique, juge Jean-Claude Daniel. Quelle était la nécessité ? Quel était l’enjeu ? Quel était le tempo ? Cela aurait dû être examiné en détail, il aurait fallu proposer des solutions, un calendrier. Au final, ça a été un fiasco sur la totalité, qui s’est terminé sur un 49.3 – or le vote doit être la sanction d’un débat -, un article 7 qui n’a pas été voté, une cacophonie dans l’Assemblée ». Pour l’ancien député, si les outils constitutionnels ont été respectés, « le fonctionnement démocratique n’a pas été au rendez-vous, et cela va laisser des traces ».

L. F.