Sénat : Charles Guené tire sa révérence
Politique. Après 22 ans de mandat au Sénat, Charles Guené ne sera pas candidat à sa succession en septembre prochain. Fin spécialiste du fonctionnement des collectivités et singulièrement de la fiscalité locale, Charles Guené part sans regrets, avec beaucoup de satisfactions et quelques inquiétudes.
Une page est en passe de se tourner dans la vie politique haut-marnaise. Si la défaite de François Cornut-Gentille en juin 2022 aux législatives a fait l’effet d’une déflagration, le retrait de Charles Guené, en douceur, n’en demeure pas moins un événement politique.
En septembre prochain, le sénateur Guené ne sera pas candidat à sa succession. Il le laissait entendre, à demi-mots depuis quelques mois, et l’a officialisé ce mardi. Pas de regrets dans sa voix, pas de nostalgie exacerbée non plus. « Je m’en vais avec beaucoup de satisfaction mais quelques inquiétudes aussi », confie celui qui a 40 ans de vie politique « et de terrain » derrière lui.
Charles Guené a été élu maire de Vaux-sous-Aubigny (son premier mandat) en 1983. « Je suis devenu cette année-là père et maire en même temps », sourit-il. Son fils Adrien est en effet né en 1983. Neuf ans plus tard, il était élu au Conseil départemental (conseil général à l’époque), il prenait les rênes de l’intercommunalité avant-gardiste du Sud-Haute-Marne pour présider quelques années plus tard et pendant 20 ans l’association des maires de Haute-Marne. Avant de rejoindre le Sénat en 2001.
Le spécialiste de la fiscalité locale
S’il s’apprête à quitter la vie politique, sous l’angle des mandats mais pas de celui de l’engagement pour son territoire, c’est que Charles Guené estime avoir fait le tour de la question au Sénat. Durant plus de 20 ans, il s’est appliqué à travailler toutes les questions liées au fonctionnement des collectivités locales, à leur fiscalité et plus globalement à l’organisation des territoires. Il s’est imposé comme le spécialiste du sujet à la chambre haute. Lui parle de « tropismes » et glisse « j’ai pu m’éclater. »
« Je ne suis pas l’auteur de très grands textes. Mais tous ceux qui sont liés à la fiscalité portent ma trace », sourit Charles Guené.
Bien sûr, son élection à la vice-présidence du Sénat, de 2011 à 2014, restera un moment fort de sa vie politique, « j’étais amené à représenter le deuxième personnage le plus important de l’Etat », rappelle-t-il.
Dégradation de la qualité parlementaire
Il fait partie de ceux qui regrettent, et c’est l’une de ses inquiétudes, que la loi sur le non cumul des mandats ait rompu le lien « quasi charnel » que certains Parlementaires, dont il fait partie, avaient avec le terrain. L’écueil est de se retrouver avec des élus « hors sol », déplore-t-il. C’est l’une des raisons qui le conduisent aujourd’hui à ne pas briguer un nouveau mandat.
L’évolution de la société mais cette perte aussi de hauteur et de solennité qui doivent régir, selon lui, le fonctionnement des assemblées a forcément pesé dans sa décision. Il parle de « perte de substance » et de la déliquescence du travail collectif. Il évoque « la dégradation de la qualité parlementaire » et dit aussi qu’aujourd’hui, le Sénat est « le camp de base de la République. »
Le sénateur va prendre sa plume
Le moment est venu pour Charles Guené de passer la main. Mais ce ne sera pas forcément jardin potager et chaise longue pour le sénateur, qui reste en poste jusqu’à l’élection de fin septembre. « Il n’est pas exclu que je continue à m’intéresser à ce qui se passe localement », glisse-t-il avec un brin de malice. Charles Guené n’a pas dit son dernier mot. Mais ils seront dits sous une autre forme. Le sénateur va prendre sa plume… Peut-être pour narrer « la saga familiale » liée au territoire de l’extrême sud-haut-marnais depuis le XVe siècle.
C. C.
Il ne soutiendra pas de candidat
Charles Guené entend-il désigner et soutenir un successeur ? Non, il n’en a pas l’intention. « Les maires et les grands électeurs n’ont pas envie qu’on leur dise pour qui ils doivent voter », sourit Charles Guené qui ne veut pas non plus être mêler à d’éventuels frais de campagne d’un candidat ou d’une candidate. Mais il sait que les « liens de parenté » ne manqueront pas d’être susurrés par les uns ou les autres.