Orion 23 : plus que jamais parés à la bataille
DÉFENSE. Lancé en février 2023, l’exercice Orion est entré, mercredi 19 avril, dans sa quatrième et dernière phase : les affrontements aéroterrestres, qui auront lieu essentiellement en Champagne. Pendant trois semaines, jusqu’à 12 000 soldats sillonneront la Haute-Marne, la Marne ou encore l’Aube pour tenter de sortir victorieux d’une guerre purement fictive, mais se voulant très réaliste.
Des hélicoptères Caïman ravitaillés à Joinville, des militaires croisés sur la Nationale 4 aux abords de Vitry-le-François… Les Haut-Marnais et plus globalement, les Champardenais les moins au fait de l’actualité de ces dernières semaines pourraient se méprendre à penser que l’heure est venue de partir en guerre. « Bien sûr que non », répondront les plus avertis. Depuis mercredi 19 avril, après plusieurs mois de planification, de déploiement, de gestion politico-militaire de crise d’ampleur, l’exercice militaire Orion, ou plutôt “l’opération de grande envergure pour des armées résilientes, interopérables, orientées vers le combat de haute intensité et novatrices” dans sa version longue, se trouve dans sa quatrième et dernière phase : les affrontements aéroterrestres entre deux belligérants fictifs et leurs alliés du scénario inspiré par celui de l’Otan. L’État d’“Arnland” d’une part, et “Mercure” d’une autre soutenant quant à lui la milice “Tantale” afin de rétablir son influence sur le territoire de ce premier.
Des manœuvres libres dans les camps et des déplacements en ville
La zone en question se trouve être incarnée par la France et plus précisément, pour cette dernière étape, la partie Champagne de la région Grand Est. Jusqu’au 5 mai, ce seront près de 12 000 soldats qui évolueront entre la Haute-Marne, l’Aube, la Marne, la Meuse, les Ardennes et l’Aisne. Parmi eux, ceux du 61e régiment d’artillerie de Chaumont dont la mission sera essentiellement « de fournir des renseignements » aux forces de la coalition internationale ralliées à “Arnland”. Jhm quotidien a pu rencontrer, samedi 22 avril, quelques soldats du groupement tactique 12e régiment de cuirassiers, postés à Mailly-le-Camp, en amont de « la bataille de Mailly », devant débuter le lendemain. « On le sait déjà, car nous manœuvrerons nos chars de manière libre dans les camps. Ce qu’on ne fera pas en terrain civil, où on se déplacera plus artificiellement afin de ne pas nuire aux champs et maisons », justifie le colonel Patrick Guillaume, à la tête du régiment, fort d’environ 400 hommes.
« Le plus dur sera de tenir sur la durée »
Capitaine Xavier, en charge du deuxième escadron du 12e régiment de cuirassiers lors de l’exercice Orion
« Après s’être installés et avoir effectué des phases de reconnaissance, nous sommes totalement à couvert », détaille le militaire. « Nous nous préparons discrètement au combat. Nous faisons peu de mouvements, nous n’émettons rien en radio, les portables sont coupés et nous ne faisons pas tourner les moteurs des engins pour éviter de se faire déceler par l’adversaire venant du sud de l’Aube, avec pour objectif de se rendre au nord. »
Leur mission ? Détruire fictivement, à l’aide d’escadrons de chars, d’une compagnie d’infanterie, d’un escadron de reconnaissance, mais aussi de forces internationales alliées, les régiments de blindés ennemis. À l’instar d’un véritable conflit armé, impossible de prédire exactement quand et comment ce dernier attaquera, ni combien de temps l’affrontement durera précisément. Mais pas de doute pour le colonel Guillaume, même si, comme le confie le capitaine Xavier, commandant le deuxième escadron du 12e régiment de cuirassiers, « le plus dur sera de tenir sur la durée », ils sont opérationnels : « L’adversaire est mal parti. Nous sommes prêts. »
Dominique Lemoine