Les madeleines chinées d’Aurel

Vintage, désuets, poussiéreux, rouillés, incomplets voire inutiles, les objets qui font la richesse de nos vide-greniers ont tant de choses à nous raconter. Ecumant les brocantes de Haute-Marne depuis plus de dix ans pour la rubrique “Chinez chez nous !”, nombreuses furent les madeleines du passé que j’ai aimé revisiter et qui auront peut-être, pour vous aussi, une odeur mémorielle.

Pour commencer à farfouiller dans le placard des souvenirs, parez-vous de votre plus beau sourire pour l’un des objets emblématiques du XXe siècle, le Polaroid ! Qui n’a jamais eu envie d’appuyer sur le bouton d’un “Pola” pour en faire sortir une photo instantanée aux couleurs surannées ? Phénomène des années 70 et 80, le Polaroid a été l’un des objets de consommation les plus prisés par les familles françaises pour son côté graphique et compact. Il a fait rêver les enfants des seventies.

Cette photo qui sort en imitant le bruit d’un robot de dessin animé japonais, c’était tout simplement magique. On a tous eu un grand cousin, un oncle, une tata qui avait ça chez lui. Mais pas nous. « Trop cher ! », « C’est pas pour les enfants ! ». Les coups étaient rudes mais sans doute légitimes. Alors quelques années plus tard que se passe-t-il quand, à la vingtaine joyeuse, on tombe en vide-greniers sur une petite boîte bleue portant l’inscription Polaroid ? On la dévore ! On l’ouvre et là on trouve l’appareil de ses désirs avec un plastique si reconnaissable et une odeur de cartouche périmée qui s’assimile à celle des anciens polycopiés de l’école primaire. Une odeur de solvant alcoolisé inoubliable !

Jusqu’en 2007, Polaroid commercialisa sa cartouche de dix photos pour la gamme 600 de ses appareils. On pouvait s’adonner à sa passion créatrice façon Andy Warhol et se remémorer l’excitation du moment où apparaît l’image. Et que celui qui n’a jamais agité la photo façon éventail, pour faire apparaître l’image plus vite, nous jette la première pierre. C’est inutile mais ça donne de la constance. D’une madeleine chinée, on passe très vite au paquet entier et à la commode remplie de ces petites machines en accumulant les appareils fabriqués entre les années 60 et 90 par Polaroid. Depuis près de dix ans, ceux-ci et d’autres instantanés sont de nouveau commercialisés et le charme de l’objet pris entre ses mains reste intact. Faites le test avec la génération des années 2010 et vous verrez, c’est intemporel… La saison des brocantes vient de commencer en ce début avril, voici une belle occasion de débuter vos recherches de madeleines, quelles qu’elles soient… Bonne dégustation !

Trois conseils pour chiner un Polaroid

1. Au-delà de son état général, bien vérifier que le mécanisme d’éjection fonctionne correctement. Si le vendeur a laissé une cartouche dedans, il suffit de la ressortir et de la réintroduire. Le bruit du mécanisme doit se faire entendre et s’il y a encore des photos, l’une sortira automatiquement. La cartouche a une pile intégrée qui l’active. Si la pile est déchargée et que rien ne se passe, il y a un risque (souvent infime) que l’éjection soit défectueuse.

2. Vérifier que le modèle acheté peut recevoir les cartouches refaites aujourd’hui. On recommande de favoriser les modèles de la gamme 600.

3. Après une envolée des prix vers 2015, aujourd’hui il est plus raisonnable de chiner des Polaroid. Sur un modèle standard de la gamme 600 voire de la gamme 1000, vous devez pouvoir l’avoir à un prix raisonnable compris entre 5 et 30 € selon l’état.

A. B.