Justice et vérité : les lycéens très curieux
Vendredi 7 avril, 160 élèves de cinq classes du lycée Bouchardon, ont pu débattre avec des acteurs de la justice, après la projection du film de 2017 signé Antoine Raimbault, Une intime conviction.
Jacques Viguier a été acquitté en première instance du meurtre de son épouse Suzy, dont on a jamais retrouvé le corps, ni de preuve. Une histoire vraie survenue en 2000. Le parquet a fait appel. Nora, cuisinière dans un restaurant, jurée dans le premier procès, est convaincue de l’innocence de Jacques et entreprend de le faire défendre par Me Eric Dupont-Moretti. Il accepte, mais faute de temps, il confie à Nora l’écoute des enregistrements des appels téléphoniques passés par l’amant de Suzy. De péripétie en péripétie, ce travail, coûteux pour Nora vis-à-vis de son employeur et de son fils, finit par aboutir au nouvel acquittement de Jacques.
Six séances de Ciné-justice ont été organisées à Saint-Dizier, Chaumont et Langres. Face aux lycéens chaumontais vendredi, Salimatou Ouattara, psychologue, Philippe Mathieu, juge et président du tribunal judiciaire, l’avocate Laëtitia Boesch, l’adjudante de gendarmerie Amélie Vercellino. Le débat, animé par Izabela Eymeret, coordinatrice du CDAD52, a duré plus d’une heure. Les lycéens ont posé pas moins de trente questions.
Le président n’a pas connaissance de cas similaires jugés à Chaumont. Deux ou trois procès d’assises s’y déroulent chaque année, plus souvent des affaires de viols que des crimes. Les jurés sont tirés au sort, un acte citoyen. Interrogée sur la défense d’un présumé violeur, Me Boesch a répondu qu’elle défendait victimes comme accusés, sans pour autant innocenter ces derniers. L’adjudante a évoqué les méthodes de recueil de la parole des enfants. A la question des délits commis par des mineurs, le président a rappelé que seuls les moins de 13 ans échappaient aux sanctions pénales, mais que la justice leur trouvait, comme pour les plus âgés, une réponse adaptée. La psychologue a eu à parler des soutiens aux victimes, mais aussi des acteurs judiciaires confrontés à des affaires pesantes.
De notre correspondant Benoît Gruhier