En résidence à la Maison de Courcelles, Les Ogres de Barback, trois frères, deux sœurs, dévoileront leur nouveau spectacle les 13, 14 et 15 avril. Petits et grands fêteront les 20 ans de Pitt Ocha sous un chapiteau recelant mille et un secrets.

Il ne manque qu’un jongleur, un cracheur de feu, des acrobates. Un chapiteau domine la vallée de l’Aujon. Dix remorques aux chaudes couleurs jouxtent la structure. Un cirque ? Une fourmilière. Et comme le chantent les amis de La Rue Kétanou, « Y’a des cigales dans la fourmilière ».

Les Ogres de Barback sont dans la place, à Courcelles-sur-Aujon, comme à la Maison. Les Ogres de Barback ? Trois frères et deux sœurs au parcours singulier (lire ci-dessous). Des artistes. Des artisans. Ici, c’est fabrication maison.

Monocorde de Poussot et arbre à gongs

Sous un chapiteau de 600 places dominé par une arche métallique de 32 mètres conçue pour l’occasion, Ogres et techniciens s’affairent, Eric Fleury, peintre et illustrateur historique du groupe joue du pinceau, Sam Burguière peaufine le mécanisme d’une marionnette, Alice et Mathilde, ses sœurs, passent d’un instrument à un autre, des instruments, il y en en a partout, à en perdre la tête, 60, peut-être plus, on distingue un monocorde de Poussot, notamment, Fred Burguière prépare un tour aux fines ficelles avec un magicien, Léo, le petit dernier, fait résonner un orgue, un technicien part préparer un arbre à gongs acquis en Birmanie, bref, ça va et ça vient, tout doit être prêt pour l’événement. Et quel événement ! Appelés à fêter les 20 ans de Pitt Ocha (lire par ailleurs) à travers France, les Ogres de Barback présenteront leur nouveau spectacle à Courcelles-sur-Aujon. Cinq concerts, dont trois réservés aux écoliers d’ici, sont au programme les 13, 14 et 15 avril. Alors, tout doit être prêt.

Arc en ciel et « enveloppe sonore »

Accord a été conclu, nulle photographie. En résidence à la Maison de Courcelles depuis le 30 mars, les Ogres de Barback veulent réserver la primeur de leur premier spectacle aux milliers de spectateurs attendus. Une chose est sûre. Grâce, douceur, ferveur et magie seront au rendez-vous. Les Ogres de Barback ne sont jamais seuls. Comédienne, mime, clown, chanteuse, aussi, Manon Andersen sera sur scène, avec elles, avec eux. Et quelle scène… Une piste aux étoiles, un arc en ciel. Objectif ? Favoriser « une impression d’immersion », impression renforcée par l’utilisation d’un système de son immersif en multidiffusion de dernière génération, « une enveloppe sonore ». Soudain, les Ogres se lancent dans une énième répétition. « Je veux voyager ». Une invitation au voyage, à Courcelles-sur-Aujon. “Là, tout n’est qu’ordre et beauté / Luxe, calme et volupté”. Promis, ce sera chouette. Ils sont si gentils, talentueux, aussi, surtout, les Ogres.

T. Bo.

Cinq représentations au programme

Les Ogres de Barback présenteront pour la première fois leur nouveau spectacle à la Maison de Courcelles les 13, 14 et 15 avril. Bonne nouvelle, il reste des places. Y compris pour les représentations réservées aux scolaires programmées jeudi 13 avril (10 h et 14 h 30) et le vendredi 14 avril (10 h). Les enseignants intéressés peuvent prendre contact avec la Maison de Courcelles au 03.25.84.41.61. Deux spectacles accessibles à toutes et tous, sur réservation via le site Internet de la Maison de Courcelles (maisondecourcelles.fr), sont programmés les 14 et 15 avril, à 20 h 30.

« Que toute la famille s’y retrouve »

Comment est né le projet de cette résidence, ici, à la Maison de Courcelles ?
Mathilde Burguière : Nous cherchions un endroit où disposer d’un grand terrain, où nous puissions dresser un chapiteau, mettre des caravanes autour, être logés et profiter de différentes pièces, des ateliers où chacun peut travailler. Nous sommes venus jouer ici l’année dernière, nous avons trouvé que c’était l’endroit idéal, être ici favorise les échanges, c’est un endroit confortable pour travailler.

Les Ogres de Barback ont pour habitude de fêter leurs anniversaires avec leur public, vous fêterez les 20 ans de Pitt Ocha sur scène, sous un chapiteau, comme à vos débuts…
M. B. : Le chapiteau, c’est une vieille histoire, à nos débuts, nous avons mené le projet “Latcho Drom”, nous avions deux petits chapiteaux et nous nous sommes baladés un peu partout avec ces deux chapiteaux en France et en Europe, avec Les Hurlements d’Léo et Un Air, Deux Familles (collectif rassemblant Les Ogres de Barback et Les Hurlements d’Léo, Ndlr). Nous avons rangé les chapiteaux et avons eu envie de revenir à notre premier amour du chapiteau, nous avions cette idée dans la tête depuis 20 ans, elle était pliée, comme les chapiteaux, mais l’idée a pu se concrétiser. Ce chapiteau est plus gros, nous avons tout pu décorer, l’aménager à notre sauce, présenter un espace scénique original en installant une scène en demi-cercle. C’est notre chapiteau ! Ce chapiteau est un peu à l’image du salon de notre maison d’enfance, il y a des instruments partout.

Léo, votre petit frère, qui vous a rejoints l’année dernière, sera de la partie, une comédienne sera également sur scène…
M. B. : Nous connaissons Manon Andersen depuis des années, nous avons commencé à la même époque, Manon fait partie de la compagnie de théâtre “Les Epis noirs”, nous avions envie de travailler avec Manon pour ce projet, qu’une comédienne nous aide à parler au public, à parler de Pitt Ocha. Manon sera présente du début à la fin de ce spectacle.

Vous vous adressez à un public adulte dans le cadre de nombreux projets, avec Pitt Ocha, vous vous adressez à petits et grands. En terme de travail d’écriture, notamment, l’approche est-elle différente ?
M. B. : Oui, nous ne travaillons pas la même façon, nous nous adaptons, avec Pitt Ocha, depuis le début, l’objectif est que toute la famille s’y retrouve, il y a des blagues pour les enfants et des clins d’œil pour les parents.

Propos recueillis par Thomas Bougueliane

Repères…

Dans les années 1990, quatre frères et sœurs au diapason se produisaient dans les squats, bars et rues de Paname. En 1997, Alice, Mathilde, Fred et Sam Burguière lançaient une souscription afin de financer leur premier album. “Rue du temps” ne tarda pas à séduire un large public. La suite ? Plus de 25 ans de carrière, des albums à la pelle, des albums pour petits et grands, une indépendance revendiquée, la création du label Irfan, plus de 2 000 concerts, plus d’un million d’albums écoulés, un goût pour les musiques du monde et la chanson française avec le rock alternatif pour racines, des déferlantes de cuivres, des instruments à la pelle… Gargantuesque !
Les Ogres de Barback ont multiplié les projets sans jamais trahir leurs valeurs et engagements. Il est question de partage. La fratrie a enchaîné les collaborations avec Les Hurlements d’Léo, K2R Riddim ou les joyeux drilles de la sauvage et indomptable Fanfare du Belgistan. Les Ogres ont également croisé la route d’une des dernières grandes figures de la chanson française, après avoir interprété “Au café du canal” ou “Lily” à leurs côtés, Pierre Perret laissa « carte blanche » aux Ogres dans le cadre d’un album baptisé “La tribu de Pierre Perret” enregistré avec le concours de Loïc Lantoine, Christian Oliver, Massilia Sound System ou François Morel.

Pitt Ocha ?

Les Ogres de Barback étaient quatre. Léo a rejoint ses frères et sœurs. Unis comme les cinq doigts de la main, les Ogres de Barback fêteront, cette année, les 20 ans de Pitt Ocha à l’occasion d’une énième tournée. Pitt Ocha ? Un personnage créé par Jérôme Aufort à l’invitation des Ogres, « le héros et pivot » d’un premier disque, puis de suivants, à destination du jeune public. Publié en 2003, le premier opus, “La Pittoresque histoire de Pitt Ocha”, a rapidement séduit un large public. « Enfant de la balle tenant son nom de l’inversion du mot “chapiteau” », énième clin d’œil aux arts du cirque, Pitt Ocha a ce don merveilleux de jongler avec les bruits et les sons, Pitt Ocha « les lance et les dompte ». Accompagné des Ogres de Barback et de nombreux invités, de Manu Chao à Pierre Perret en passant par Tiken Jah Fakoly ou Thomas Fersen, Pitt Ocha a voyagé à travers monde au fil de quatre albums (2003, 2009, 2013 et 2022). Pitt Ocha a séduit tout son monde. Plus de 400 000 exemplaires écoulés. Place à de nouvelles aventures, à Courcelles-sur-Aujon.