Elan de solidarité après « l’effet Rist » : Maine de Biran parti pour faire la maille
Les équipes du centre de santé Maine de Biran avaient anticipé l’effet de l’application du plafonnement de la rémunération des intérimaires, contenu dans l’article 33 de la loi Rist. L’offre de soins est toujours assurée grâce à la solidarité intra GHT et à l’arrivée d’un nouveau médecin.
« Je viens d’apporter des éléments nouveaux ». 14 h 15, hier lundi 3 avril, le directeur délégué du centre hospitalier haut-marnais (CHHM) Pascal Mokzan sort d’une réunion avec l’équipe. La dernière remonte à vendredi. C’est qu’avec ce plafonnement de la rémunération des intérimaires, oui, l’établissement « était en difficulté ». Mais, cet après-midi, le directeur délégué est venu « avec de bonnes nouvelles ». Qui confortent le choix de la voie de secours dans laquelle Maine de Biran s’est engagé. « Depuis tout à l’heure, j’ai un nouveau praticien hospitalier (PH), c’est un pédopsychiatre, avec une formation en psychiatrie pour adultes ». De quoi renforcer « l’élan de solidarité » dont quatre psychiatres de Saint-Dizier ont témoigné : « ils veulent bien venir en alternance, tour à tour, pour assurer la continuité des soins ». Et de tous les soins, insiste Pascal Mokzan : consultations et hospitalisations – libre (23 lits) et fermée (12 lits). « Parallèlement, des demandes de recrutement sont lancées ». Maine de Biran employait jusqu’à la semaine dernière deux praticiens intérimaires. « Des négociations sont en cours, suite au rehaussement du plafond initialement prévu (dans l’article 33 de la loi Rist) ». L’issue de celles-ci sera positive s’ils acceptent de baisser leur niveau d’exigence. Car la loi prévoit que les comptables publics soient interdits de les payer au-delà. Avant le 3 avril, le plafond de la rémunération de ces professionnels a été rehaussé de 20% par rapport au montant initialement prévu. En tout état de cause, « on peut travailler avec des praticiens sur des contrats de type 2 – plus payés », glisse le directeur délégué.
Travail de titan, rangs serrés
« Aujourd’hui, un psychiatre est en arrêt maladie jusqu’au 14 avril ». Plus tôt, la secrétaire FO du CHHM Sandrine Baudart avait précisé que son homologue féminine était en congé maternité. Et déploré qu’ « à Chaumont, ça bouge beaucoup ». Elle retenait aussi qu’en réunion vendredi, « la direction tent(ait) de limiter la casse ». Pour l’heure, Pascal Mokzan le dit tout net : c’est un plan de continuité de l’activité (PCA) « de crise » qui a été activé. L’établissement « l’envisageait depuis plusieurs semaines avec l’Agence régionale de santé ». Mais la période de gros temps de la semaine dernière est passée, soutient-il. « Le docteur en arrêt maladie va revenir le 14 avril et on souhaite conserver nos deux médecins intérimaires ». Les équipes sont en tout cas loin d’être restées bras croisés… « Tous les plannings » ont été repris, en hiérarchisant les consultations, le suivi des hospitalisations par degré d’urgence. Educateur du service intra hospitalier, Richard Sergent confirme un effort en rangs serrés : « seul, le patient compte ».
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
Jérôme Goeminne « confiant »
« Au niveau national, une charte va être signée par des directeurs de cliniques privées – à buts lucratif et non lucratif – sur le plafonnement de la rémunération des intérimaires. S’il le faut, nous demanderons à l’Etat de s’en mêler pour que ces engagements soient tenus ». Sachant que le directeur général du GHT Cœur santé Grand Est, également président du syndicat des manageurs publics (SMPS) Jérôme Goeminne a « pu constater que dans le nord du département, des praticiens avaient acté des contrats à un tarif au-delà du plafond ». Pour rappel, l’article 33 de la loi Rist a été pensé parce que l’appétit de 80% des praticiens contractuels égalait un surcoût de 1 à 1,5 milliard d’euros pour l’hôpital. « Inéquitable, douteux au plan éthique » – quand un PH « en milieu de carrière » gagne 600 à 650 € la garde, qu’un intérimaire est payé 1,5 fois le SMIC interroge, et qu’il s’agit d’argent public. Mais Jérôme Goeminne le dit aussi, « les tensions » générées par le changement réglementaire posent question au GHT. Toutefois, « on est en train de passer le cap », indique-t-il. Même si « ça va rester tendu jusqu’en août », et qu’à Maine de Biran, le 14 avril reste une étape à franchir, le patron du GHT insiste : « je suis confiant ».