Le bal des faux-culs – L’édito de Patrice Chabanet
Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’Economie sociale, a réussi son coup. Avant même sa parution, l’entretien qu’elle a accordé à Playboy a déclenché une polémique de haute intensité, diraient les militaires. Elle n’est pas provoquée par le contenu de l’article – qu’on ne connaît pas encore – mais par sa présence dans une revue de charme. Vous vous rendez compte, la cohabitation de la légèreté, marque de fabrique de Playboy, avec le sérieux attaché à une fonction gouvernementale ! Pourtant, la secrétaire d’Etat ne pose pas dans le plus simple appareil. Mais les bonnes âmes et les faux-culs se sont donné la main pour mettre à nu leurs propres turpitudes. Triste à pleurer. Plongez dans les eaux glauques des réseaux sociaux – ces hauts lieux de l’anonymat – et vous verrez s’y repaître les grossièretés les plus épaisses, symptômes évidents de dysfonctionnements personnels. Du boulot pour les psys.
Pour autant, Marlène Schiappa n’est pas, ne doit pas être, à l’abri des critiques. On peut s’interroger en particulier sur la parution de cet article au moment même où la France se déchire sur des sujets autrement plus graves, les retraites et l’inflation entre autres. En tous les cas, cette affaire qui n’en est pas vraiment une, nous renseigne sur l’état de notre société. Elle s’enflamme sur le sol desséché de l’intolérance. On attend en vain l’irruption des Canadair de la raison et du sang-froid. En attendant, les maîtres-penseurs au petit pied continuent de sévir. On peut leur conseiller de ne pas lire ce qui les dérange. La liberté d’expression n’est pas la liberté de vomir.