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Attendue au tournant – L’édito de Christophe Bonnefoy

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Il va falloir vite apprendre à retenir son nom. D’un Philippe Martinez au look, presque, de personnage de BD et figure du mouvement syndical depuis de longues années, on passe à une jeune femme que peu avaient vue venir. Sauf, peut-être, quelques membres de la CGT, syndicat ô combien emblématique du paysage social.

On va, aussi, devoir s’habituer à sa façon de faire, sa façon d’être. On n’ira pas jusqu’à dire que Philippe Martinez affichait ostensiblement sa mauvaise foi. Disons qu’au moins on savait, avant qu’il ne parle, ce qu’il allait dire. Il était devenu le roi du gros coup de pression sur le gouvernement. Les gouvernements. Le discours était connu. Prévisible presque.

Bon courage, Sophie Binet ! Il faudra faire oublier le précédent leader de la CGT. Et imposer une personnalité. Compliqué, d’autant que la nouvelle secrétaire générale vient de déjouer tous les pronostics en accédant à la tête du syndicat. Autrement dit, elle sera sûrement attendue au tournant par les “camarades”, peut-être pas de la base, mais des instances dirigeantes. L’ambiance de la dernière semaine de tractations donne ainsi une idée des rivalités qui pourraient ressortir tôt ou tard.

Mme Binet va vite avoir l’occasion de montrer de quoi elle est capable. Dès mercredi, elle sera à Matignon pour faire connaissance avec la Première ministre, Elisabeth Borne. Qui plus est, on a un peu le sentiment que la CGT s’est, ces derniers mois, laissée doubler par une CFDT dont le président, Laurent Berger, a su trouver sa place dans la contestation contre la réforme des retraites. Dans ce dossier, Sophie Binet devra prendre soin de ne pas laisser fissurer l’unité intersyndicale.

Car c’est bien là, indéniablement, qu’Elisabeth Borne l’attend. Qu’elle attend les syndicats. Et c’est précisément ce que la Première ministre pourrait être tentée de faire : profiter des tensions à la CGT et diviser pour apaiser, en quelque sorte. Diviser, pour retrouver une certaine tranquillité… et des mains plus libres.

c.bonnefoy@jhm.fr

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