Hôpital : appel général au dialogue en Pays de Langres
HÔPITAL. Tenue ce jeudi 30 mars au soir, la conférence des maires du Pays de Langres a accueilli Nicolas Lacroix et Cédric Cablan, directeur délégué de l’ARS. Le sujet de la réorganisation hospitalière s’est évidemment invitée dans le débat, avec un souci d’apaisement.
Le vœu de Jacky Maugras a été exaucé. En ouvrant, en qualité d’hôte, la Conférence des maires du PETR du Pays de Langres à la salle Urbatus de Saints-Geosmes, ce jeudi 30 mars, le président du Grand Langres a émis le souhait que se tienne « un débat cordial ». Ce n’était pas, et beaucoup le redoutaient, gagné d’avance. Le sujet de la réorganisation hospitalière empoisonne les relations politiques depuis des mois, avec un haut niveau d’agressivité, notamment sur les réseaux sociaux. Or, aussi bien les médecins de l’association Egalité Santé (promouvant le projet de plateau technique unique à Rolampont) que Nicolas Lacroix, président du Conseil départemental, et Cédric Cablan, délégué territorial de l’Agence régionale de santé (ARS), ont fait le déplacement.
Mais une même volonté a présidé de part et d’autres : celle d’échanger, de dialoguer, tout en assumant ses positions et désaccords. Les débats ont été francs mais ils sont, cette fois, restés républicains et respectueux. Les promoteurs du “projet Rolampont”, incontestablement majoritaires au sein des édiles du Pays de Langres — c’était perceptible à l’applaudimètre — ont tous porté un message similaire.
Cessez-le feu autour de l’hôpital
Ils ont d’abord tenu, au-delà du désaccord persistant sur le lieu d’implantation, à féliciter Nicolas Lacroix pour l’engagement financier porté par le Département (cinquante millions d’euros). « Nous remercions M. Lacroix pour son implication financière », a notamment lancé, en préambule, le Dr Véronique Midy, présidente d’Egalité santé. Ce message positif, qui s’était parfois perdu dans les feux croisés des polémiques de ces dernières semaines, a visiblement été apprécié par l’intéressé, au vu de sa réaction gestuelle.
« Si cela ne correspond pas à un projet ambitieux, s’il ne correspond pas à l’idée qu’on s’en fait, le Département peut se retirer »
Tous ont également lancé un même appel : celui d’un retour au dialogue, celui de l’écoute des près de 500 soignants désormais à avoir rejoint l’association Egalité santé. « Il y a eu un problème de concertation. Le projet d’Egalité santé n’est peut-être pas parfait, mais il m’apparaît crédible. Il est encore temps d’en discuter. Il est encore temps d’écouter ! », a exhorté le député (RN) Christophe Bentz, tandis que le sénateur (LR) Bruno Sido plaidait également « pour une entrée en discussion », tandis que l’ancien maire de Langres Didier Loiseau a plaidé pour un retour autour de la table : « La sagesse doit l’emporter ».
Sur le fond, chacun a cependant campé sur ses positions. Nicolas Lacroix a à nouveau expliqué qu’« il y a eu un arbitrage de fait, validé par deux ministres de la Santé successifs, ce qui n’est quand même pas rien ». Autrement dit, il ne sera pas dérogé au choix de l’implantation : un nouvel hôpital, avec le plateau technique unique et l’essentiel des services, à Chaumont, et un nouvel établissement à Langres, avec, pour l’heure, la seule promesse d’un service d’urgences 24 heures sur 24.
Les médecins présents y ont opposé leurs arguments désormais bien connus : Langres risque d’être une coquille vide, qui emportera avec elle des urgences réduites à un simple service d’aiguillage, les habitants du Sud haut-marnais seront de facto « invités à aller se faire voir », notamment à Dijon, ainsi que l’a rappelé le docteur Olivier Delong.
Le projet médical, c’est-à-dire la répartition des services et équipements, est désormais au cœur des attentes. « Ce projet, ce n’est pas le Département. C’est l’ARS, et j’espère que le capacitaire sera annoncé dans les prochains jours », a lancé Nicolas Lacroix à l’adresse de Cédric Cablan. Le président du Département, lassé de cette attente, a, pour la première fois, évoqué l’hypothèse d’un retrait de son investissement : « Si cela ne correspond pas à un projet ambitieux, s’il ne correspond pas à l’idée qu’on s’en fait, le Département peut se retirer ». L’annonce n’a pas suscité de réaction de Cédric Cablan, qui a concentré sur lui les critiques des élus.
Pas plus que pour l’autre épée de Damoclès, cette fois brandie par Didier Loiseau : « Si la sagesse politique et le dialogue ne parviennent pas à élaborer un nouveau projet, un recours au tribunal administratif sera déposé. Un avocat près le Conseil d’Etat a déjà été choisi ». Tous les traitements possibles du dossier hospitalier sont donc sur la table.
Nicolas Corté
Ils ont dit…
• Robert Mercey le gaullien. — Après la prise de parole, très technique, de Cédric Cablan, Robert Mercey, de l’association Avenir santé Sud Haute-Marne, a lancé : « Merci pour votre intervention technocratique à laquelle on n’a rien compris ». Une formule rappelant furieusement celle du plus célèbre des Haut-Marnais, le Général de Gaulle, jadis agacé par la langue de bois soviétique lors d’un voyage en URSS : « Merci pour votre exposé, qui ne nous a d’ailleurs rien appris ».
• Carte immuable. — Ancien maire de Langres, Sophie Delong a demandé à ce que les documents relatifs au projet (déjà) Rolampont de 2006 soient communiqués par l’ARS, estimant que leur pertinence reste d’actualité : « C’est têtu la géographie ! Ça ne change pas toutes les cinq minutes… ».
• Et les moutons seront bien gardés. — Après avoir écouté le Dr Vincent Escudier, chef du services des urgences de Langres, Nicolas Lacroix a tenu à rappeler : « Vous, vous êtes docteur. Moi je suis élu. Chacun à sa place ». Les deux hommes ont au moins eu un point d’accord : rester dans les bâtiments langrois actuels inaccessibles n’est pas souhaitable.