Sujets qui fâchent – L’édito de Christophe Bonnefoy
Je cogne d’abord et je discute ensuite. Un peu comme lorsque la bagarre s’invite en fin de soirée, sur fond d’abus dangereux pour la santé. Sans modération. Et encore. Je discute… mais de ce que je veux et si je suis sûr d’avoir raison.
Alors que la France a vécu mardi sa dixième journée de manifestations contre la réforme des retraites et qu’une autre est d’ores et déjà programmée le 6 avril, Elisabeth Borne a voulu jouer l’apaisement. Mais… car il y a un mais, lorsqu’elle recevra les syndicats la semaine prochaine, il ne sera pas question du report de l’âge légal. Précisément celui qui constitue le blocage principal aux yeux des Français. Le ministre des Relations avec le Parlement résume d’ailleurs très simplement – pour ne pas dire maladroitement – l’état d’esprit, du côté du gouvernement : Franck Riester souhaite que l’échange à venir s’organise autour de « sujets sur lesquels on est d’accord. »
On cogne d’abord, donc – à coup de 49.3 – et on discute ensuite. Voilà peu ou prou comment les centrales syndicales du pays traduisent la proposition de discussion. Dit autrement, si on ne parle pas des 64 ans avec la Première ministre, on quitte la salle illico. C’est clair. Discuter oui, mais aussi des sujets qui fâchent. Surtout des sujets qui fâchent !
Visiblement, on est assez loin d’un infléchissement des positions, d’un côté comme de l’autre. Quand l’un pense négociations sur le fond, l’autre rétorque modalités d’application de la réforme. Un dialogue de sourds ? Ça risque bien d’y ressembler.