Un rituel bien réglé – L’édito de Patrice Chabanet
Moins de monde dans la rue, c’est vrai, mais la détermination reste la même. Le combat continue, nous prévient déjà l’intersyndicale qui annonce une nouvelle journée d’action le 6 avril. La situation reste donc bloquée. Les syndicats ne veulent toujours pas entendre parler de la réforme des retraites telle qu’elle est présentée par le gouvernement. Ce dernier, de son côté, se dit ouvert à toute discussion à condition qu’elle ne porte pas sur les retraites… Le mot blocage est un doux euphémisme. La France s’installe dans une guerre de tranchées qui lui est propre. Pendant ce temps, les syndicats allemands de la fonction publique lancent une “Megastreik” (mégagrève) de 24 heures et obtiennent plus de 10 % d’augmentation. Sans commentaires.
Tôt ou tard, une solution devra émerger. On le constate un peu dans le discours. Un frémissement. Le mot apaisement remonte à la surface des prises de position des uns et des autres, même si chacun a sa propre définition. Laurent Berger, au nom de la CFDT, tente même une proposition. Placer le dossier retraites en mode “pause”. Une manière d’anticiper sur la touche “Reset”, en clair reprendre la négociation à partir de zéro. L’exécutif a cru bon de renvoyer dans les cordes le leader cédétiste, au nom des procédures institutionnelles. Mais il ne pourra pas éternellement se cabrer, surtout quand la proposition vient d’une organisation réformiste. Sauf à vouloir la victoire des plus extrémistes, dans les syndicats et les partis, pour mieux les discréditer dans un deuxième temps. Ce serait un pari extrêmement dangereux.