Conflits modernes – L’édito de Christophe Bonnefoy
Mais où sont donc les manifs de grand-papa ? Où sont donc ces kilomètres de cortèges, généralement bon enfant et emmenés par les tout-puissants syndicats, rois du slogan et du camion qui grésille d’une douce musique souvent désuète ?
Bon, d’accord, le mouvement actuel contre la réforme des retraites reprend un peu de ces recettes qui ont nourri les conflits sociaux tout au long des décennies. Globalement, depuis des semaines, CGT, CFDT et plus largement l’intersyndicale ont ainsi parfaitement dominé leur sujet. On n’oublie certes pas que par le passé, tout ne fut pas parfait. Pavés et autres projectiles ont parfois fait partie du décor. Mais désormais, la traditionnelle colère de la majorité a tendance à se faire manger par l’imbécilité – et les méthodes extrêmes – d’une minorité, qui n’a rien à voir avec la population lambda.
On l’a vu dans rues de Paris. Cela s’est confirmé dans les Deux-Sèvres. Jadis, les débordements étaient plus ou moins spontanés. Aujourd’hui, ils semblent systématiquement prévus et organisés. Aurait-on en 2023 bifurqué vers une radicalisation de la contestation ? Les familles continuent à battre gentiment le pavé. Une tranche extrémiste qui, avouons-le, n’en a cure des problèmes sociétaux, se met, elle, à partir systématiquement au combat. Un combat dur. Gratuit.
Les conflits sociaux évoluent, sous certains aspects. A l’image par exemple, de l’attaque dont ont été victimes l’Assemblée nationale et le Sénat ce mardi. Pas à coup de projectiles. Si les hackers pro-Russes et anti-Macron qui ont bloqué ce mardi les sites Internet des deux institutions ne s’inscrivaient pas forcément dans le refus d’une réforme particulière, ils donnent tout de même une idée de ce que doivent affronter aujourd’hui les autorités. Sur le terrain, on l’a vu, mais aussi par écrans interposés. Un front de plus. Et sans doute de nouvelles méthodes à imaginer. Y compris dans le dialogue, d’ailleurs.
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