Métiers du froid : c’est chaud pour recruter des bras
En 2023, à l’instar des années passées, les métiers du froid traversent une certaine perte d’attractivité. Malgré les quelques offres d’emplois et parcours proposés, les candidats ne se bousculent pas aux portillons des entreprises et centres de formations.
« Nous recherchons un technicien froid embarqué depuis deux ans maintenant. » Pour Marion Meriel, responsable de recrutement au sein de la société Froids et Services, la quête de professionnels du froid s’apparente ces derniers temps à celle du Graal. « En deux ans, nous avons réalisé une dizaine d’entretiens, mais rien de fructueux. »
Elle n’est pas la seule dans ce cas. Non loin de là, dans le parc d’activité de référence bragard, Fabrice Douet, directeur de site chez Stef logistique, voit également sa pile de CV diminuer au fil des années. « Pour la prochaine saison qui débutera en avril, nous rechercherons entre dix et quinze saisonniers dont des préparateurs de commandes et des caristes. Pour le moment, j’ai reçu un à deux CV contre quatre à cinq à la même période, l’année dernière. C’était déjà peu. »
« Depuis une petite dizaine d’années, la baisse des effectifs et constante. »
Si pour le poste de technicien embarqué, seule une formation existe depuis 2022 à Villepinte, pour d’autres professions de la filière, divers cursus ont été créés il y a déjà bien longtemps. Saint-Dizier, quelque centres s’occupent de former les professionnels de demain, notamment l’Afpa, proposant un diplôme de « monteur, dépanneur, frigoriste ». Là encore, pas facile de trouver des volontaires. « On n’a jamais eu de difficultés à remplir nos classes jusqu’à ces deux-trois dernières années », constate Olivier Lelièvre, responsable d’accompagnement des parcours. Même chose du côté de l’Estic. « Nous avons environs quinze places par formation », précise André Lopez, chef de l’établissement. « Depuis une petite dizaine d’années, la baisse des effectifs est constante. »
Comment expliquer cette raréfaction des candidats ? Selon Marion Meriel, les causes sont multiples. « Pour Saint-Dizier, nous avons deux explications. Il y a la zone géographique où ce n’est pas simple de trouver de la main-d’œuvre. Et puis les gens ne connaissent pas le métier. »
Des professions mal perçues
Autre élément de réponse, une image peu flatteuse de la filière ainsi qu’un marché de l’emploi assez favorable : « Que ce soit préparateurs de commandes ou caristes, on travaille dans des conditions entre – 18 et – 22 degrés. Forcément, ça attire moins », ajoute Fabrice Douet. « On commence à être en plein emploi. Les saisonniers qu’on retrouvait avant sont passés en CDI et c’est tant mieux pour eux. » Fabrice Douet, sachant d’avance qu’il se tournera vers des agences d’intérim et le bouche-à-oreille, ne s’inquiète pas pour le recrutement de ses futurs salariés. Ni pour l’avenir de la filière. « On travaille sur notre image pour être plus attractifs, mais aussi sur l’automatisation pour réduire la pénibilité. C’est une filière en plein développement, notamment au niveau de la logistique. On continuera à avoir besoin de personnels. »
Dominique Lemoine