Détruire pour détruire – L’édito de Patrice Chabanet
Le contraire eût été étonnant : la manifestation anti-bassines dans les Deux-Sèvres a dégénéré. Le clash était annoncé depuis plusieurs jours. La présence de plusieurs centaines de casseurs déterminés – et organisés de façon militaire – a donné les résultats escomptés : de très nombreux blessés des deux côtés. Vu la violence des contacts, on reste étonné qu’il n’y ait pas eu de victimes. La bataille de l’eau est devenue une guérilla de haute intensité.
Eternel questionnement après pareil affrontement : qui est responsable ? Les casseurs, en premier lieu. Même s’ils revêtent la tunique idéologique de l’ultra-gauche, ils s’inspirent plus sûrement du nihilisme, une doctrine du XIXe siècle venue de… Russie qui rejette toute autorité au-dessus de l’individu. Leur motivation est simple : détruire pour détruire, à défaut de porter un projet cohérent qui fasse société.
L’autre responsable est l’éclatement de la société entre citadelles incapables de trouver des compromis. En l’occurrence il y a les tenants d’une agriculture plus préoccupée par la productivité et, donc, vouée à l’épuisement de la nature. En face se trouvent les défenseurs d’une agriculture bucolique, complètement déconnectée des réalités économiques.
Comment concilier les deux ou, au moins, rapprocher leurs points de vue ? Une mission quasiment impossible, dans une démocratie qui se sent tétanisée entre deux attitudes : le laisser-faire et le bâton. On risque d’en avoir une nouvelle preuve dès mardi prochain. Jusqu’à quand ? La violence est un mal sournois.