Photovoltaïque à Charmes : une réunion publique sous tension
Tenue en présence de trois représentants de la société BayWa r.e., la réunion publique autour du projet agro-photovoltaïque de Charmes, qui suscite la polémique depuis des semaines au sein du village, a été animée. Elle a au moins eu le mérite d’informer la population.
Chargée de concertation au sein de la société BayWa r.e., promotrice du projet agro-photovoltaïque de Charmes-lès-Langres, Marine Yver était stupéfaite en pénétrant dans la salle de convivialité du village, ce vendredi 24 mars su soir : « Il y a des réunions publiques d’information où j’ai trois ou quatre personnes… Je n’avais jamais vu autant de monde, surtout à ce stade où encore rien n’est développé ! ». Il faut reconnaître que la commune est sous haute tension depuis qu’un conseiller municipal, Didier Bougrel, a révélé à ses administrés le projet auquel le maire, Bernard Joffrain, est extrêmement favorable.
Ce n’est, en revanche, pas le cas d’une bonne partie de la population. Très rapidement, un collectif d’opposants s’est mis en place, tandis qu’une pétition a récolté en un temps record 75 signatures au sein de la commune, soit la moitié des habitants de Charmes-lès-Langres. Plus regrettable, un climat délétère s’est instauré, entre saisine du tribunal administratif, invectives en conseil municipal et autres lettres de menace. C’est dans ce contexte que Marine Yver, accompagnée de Thomas Domblides et de Quentin Fustec, est intervenue sur le fond, pour présenter plus en détail le projet de BayWa r.e., déjà connue dans le Sud-haut-marnais pour avoir proposé un projet photovoltaïque à Saints-Geosmes.
Des retombées fiscales non négligeables avec le photovoltaïque
Si la réunion publique a eu son lot de haussements de ton et d’échanges parfois un peu vifs, elle a pu néanmoins se dérouler jusqu’à son terme. De leur propre aveu, les opposants étaient d’abord venus pour écouter et s’informer. A cette aune, Thomas Domblides a notamment rappelé un point essentiel : pour l’heure, rien n’est fixé, ni décidé.
Situé sur les terrains d’un agriculteur, Alexandre Houlot, le long de la D 262, le projet de panneaux en hauteur (pour laisser paître les bovins) a une zone d’études comprise sur 33 hectares (emprise maximale). « Mais c’est une zone d’études. Nous en avons déjà eu à 100 ha pour ne retenir, au final, que dix », insiste le représentant du promoteur.
Dans le cadre de la pré-hypothèse retenue, la production annuelle de ce parc photovoltaïque serait de 27 160 GWh, correspondant à la consommation par an de 12 240 habitants, et évitant la production de 9 500 tonnes de CO2. Les retombées économiques locales, quant à elles, sont estimées à 28 130,30 € par an pour la commune, en phase d’exploitation, les vingt premières années, puis 55 948,72 € au-delà de cette vingtième année. S’y ajoutent environ 29 000 € pour le Grand Langres, ainsi qu’un forfait de 75 000 € en phase de développement.
« Est-ce qu’on va se battre pendant trois ans au vu des messages que vous nous avez envoyés ce soir ? »
Peu séduits par l’appât du gain, les riverains, intervenant en nombre, se sont essentiellement focalisés sur la défiguration du paysage (notamment depuis le Mont Vengé et les sentiers de randonnée, sans parler de la vue depuis certaines maisons du village) qui serait induite par la présence d’un parc photovoltaïque. Visiblement très au fait du dossier, ils ont également invoqué des études préfectorales ou encore de la Chambre d’agriculture pour rappeler que les terres qui seraient utilisées ont, en réalité, un fort potentiel agronomique.
« Vous ne pourrez jamais effacer l’impact visuel du photovoltaïque, c’est juste affreux. En plus, il y a déjà des éoliennes ! », a lancé une habitante, tandis que Claude Bouvier, le maire de Charmoilles venu en voisin, dénonçait le saccage potentiel d’un « lieu de promenade, de détente, d’aéromodélisme aussi. Je suis extrêmement inquiet vis-à-vis de ce projet ».
La suite du projet est envisagée sur trois années, jusqu’au dépôt du permis de construire fin 2025, et après de nombreuses phases d’études et de concertation. A condition que le travail se poursuive. Jouant cartes sur table, Thomas Domblides a expliqué que trois critères prioritaires seront évalués par sa société : la faisabilité technique du projet photovoltaïque, l’accueil par les élus et… les réactions des riverains : « Est-ce qu’on va se battre pendant trois ans au vu des messages que vous nous avez envoyés ce soir ? On va y réfléchir… ». Et tenir Charmes au courant de la suite.
N. C.
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