Tribunal correctionnel : En mode whisky-coke dans le Nord Haut-marnais
Le whisky, la cocaïne, ça fait bien quand on pense à des rock-stars. Dans les faits, c’est un bien mauvais mélange. Un habitant du Nord du département a pété les plombs. L’heure est venue de payer l’addition.
« Une bouteille de whisky par jour ». « Et deux grammes de cocaïne ». Les déclarations d’une rockstar ? Le quotidien d’un citoyen ordinaire miné par ses addictions, un Haut-Marnais étranger au suivi médical sur mesure assuré aux grands défoncés de ce bas monde.
Le whisky était accessible au plus grand nombre. La cocaïne l’est devenue, on sniffe des lignes dans le XVIe arrondissement de Paris comme en Haute-Marne, un semblant d’égalité de classes sociales, sans doute.
Bref, le 17 mars 2023, à Bettancourt-la-Ferrée, grisé et abruti par whisky et cocaïne, ça donne des ailes, brutale est la chute, Julien D. se présentait au domicile de ses parents « dans un état second ». Face à un fils hors de lui et armé d’un couteau à cran d’arrêt et d’une bombe lacrymogène, un père en vint à alerter les forces de l’ordre. Le calme fut rapidement rétabli.
Poursuivi, notamment pour des menaces de mort proférées à l’encontre des siens et présenté, lundi 20 mars 2023, en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel, Julien D. n’en mène pas large. « Ce qui est fait est fait, il m’est déjà arrivé d’avoir des accès de colère. (…) J’avais un couteau parce que la veille, je me suis fait racketter par un dealer à Saint-Dizier, on m’a volé 600 euros, j’étais stressé et je n’ai pas dormi de la nuit, arrivé chez mes parents, j’étais très perturbé ».
Problématique médicale
Comme souvent, si souvent, la problématique est médicale. Les parents du prévenu n’ont pas souhaité déposer plainte et se constituer partie civile. « Ce que nous voulons, c’est que notre fils soit soigné ». Julien D. souhaite-t-il réellement s’engager dans un processus de soins ? On ne se soigne pas sous contrainte. Le plein engagement du malade est nécessaire en matière d’addiction.
En liberté conditionnelle, sous le coup d’un sursis probatoire, le prévenu continue de boire et de consommer de la cocaïne malgré des obligations de soins prononcées dans le cadre de précédentes condamnations pour conduite sous l’emprise de stupéfiants, violence avec arme, rébellion ou blessures involontaires par conducteur sous l’empire d’un état alcoolique. « Je suis traité pour ma bipolarité, je traverse des phases maniaques, je suis traité pour l’alcool aussi, mais je ne suis pas mon traitement. Je devais partir en cure le 28 mars ».
Dilapidant un héritage afin de s’adonner à sa ruineuse consommation d’alcool et de cocaïne, le prévenu aura laissé filer une énième main tendue comme le regretta madame le procureur Pelletier. « Des solutions ont été proposées à monsieur par le passé afin d’éviter une incarcération et de lui permettre de suivre des soins, mais au regard de sa situation, comment avoir confiance en lui ? »
« Une solution de facilité »
La problématique du prévenu dépasse le cadre judiciaire comme le martela Me Château au nom du prévenu. « Une approche répressive s’oppose à une approche médicale. (…) La justice est déjà passée, monsieur a été incarcéré pendant sept mois pas le passé, alors, faut-il taper encore plus fort, tordre davantage le clou ? (…) Il est fait état d’une bipolarité, de conduites suicidaires, mais l’expertise psychiatrique figurant au dossier n’en fait nullement état. (…) Si notre système carcéral permettait de soigner des malades, ça se saurait ! L’emprisonnement est une solution de facilité, cet homme est malade et n’a pas conscience de la portée de ses excès. (…) Les affres de la cocaïne ont assez défrayé la chronique ces dernières semaines, des addictologues ont défilé sur les plateaux, mais ça n’a manifestement pas été suffisant pour réussir à comprendre qu’on ne peut pas contrôler une personne qui consomme, d’autant plus quand on ne contraint pas réellement une personne à suivre des soins en se contentant d’un suivi ambulatoire ».
Décision ? Quinze mois de prison ferme dont neuf assortis d’un sursis probatoire renforcé comprenant des obligations de soins. Après avoir notifié au condamné la révocation à hauteur de six mois d’une précédente peine avec sursis, le tribunal a prononcé un mandat de dépôt. Agé de 30 ans, le malade débutera son sevrage entre quatre murs.