Du tac au tac – L’édito de Christophe Bonnefoy
C’est toujours la même question, après une intervention présidentielle : que faut-il en retenir ? Ça a été vrai au moment du Covid. Et avant, avec la crise des Gilets jaunes. Aussi, plus récemment, lorsque la Russie a décidé de modifier à sa façon l’ordre mondial par son entrée en guerre contre l’Ukraine. Et donc, évidemment, après la séquence politico-sociale des dernières semaines.
On pourrait, si on veut jouer la carte du double sens, affirmer qu’Emmanuel Macron a fait mouche ce mercredi. Sûrement pas, pourtant, comme il l’aurait souhaité. Sur les retraites, il assume, concédant qu’il n’a peut-être pas su faire accepter l’urgence d’une réforme.
Mais il a suffi de lire ou écouter les réactions à son interview pour comprendre que le chemin sera encore long jusqu’à l’apaisement. Voire, que de l’huile a été jetée sur le feu. « Je regrette qu’aucune force syndicale n’ait proposé un compromis [sur les retraites] ». Aïe. La tuile. Précisément au moment où chacun s’accordait à dire que les syndicats avaient été exemplaires dans la gestion des manifestations. Et peu après que le chef de l’Etat ait refusé de les recevoir. La réaction du patron de la CGT, Philippe Martinez, a donné le ton. Du tac au tac. Il a ainsi évoqué l’hypothèse d’un Président « qui se fout de notre gueule ».
Emmanuel Macron n’en démord donc pas, tout en ayant pleine conscience d’être impopulaire. Mais il aurait pu, en esquissant l’avenir, réussir à temporiser et nourrir l’espoir. Pêle-mêle, on extraira de ses priorités les progrès à mettre en œuvre pour le mieux vivre des Français. Mais à moyen terme, au mieux. Et pas sûr que ces derniers aient une vision aussi “lointaine” des solutions à leurs problèmes. Au-delà d’une réforme des retraites mal amenée, c’est l’urgence qui les préoccupe. Celle des factures à payer, pour dire les choses simplement.