Retraites : les cheminots de Chalindrey haussent le ton
Réunis ce lundi 20 mars devant les ateliers SNCF de Chalindrey, les cheminots ont reconduit leur mouvement de grève contre la réforme des retraites, et décidé d’un durcissement du mouvement, notamment en investissant le dépôt et en interpellant les élus locaux.
Ils sont à la croisée des chemins. Tiraillés entre les impératifs d’une grève classique, légale, et la volonté de durcir un mouvement de colère qui commence à se cristalliser dans l’opinion publique. Déçus que l’ensemble du dépôt ne soit pas en grève, mais heureux de se retrouver à une cinquantaine sur le piquet de grève, dès potron-minet. Les cheminots de Chalindrey, soutenus par l’intersyndicale départementale (en l’occurrence représentée par Yann Grisval, de Force ouvrière), ont décidé de reconduire leur mouvement de grève à l’occasion de l’assemblée générale organisée ce lundi 20 mars, devant les ateliers de la SNCF.
La raison n’a pas varié d’un iota : elle réside l’opposition farouche au projet de réforme des retraites du gouvernement d’Elisabeth Borne. Et peu importe le résultat de la motion de censure examinée dans la soirée. « Le CPE a été voté aussi. Ils l’ont retiré parce que la très forte mobilisation a continué », a ainsi rappelé Maxime Gerosa, de Sud Rail. Mais, après l’épisode du 49-3, qui a rallumé la colère dans l’ensemble du pays, quelques cheminots ont fait part de leur volonté d’aller plus loin, en termes de blocages, de barrages filtrants ou encore d’interpellation des politiques.
Les ateliers investis pacifiquement
Une partie de la base a également regretté une participation somme toute faible au regard du nombre de cheminots (330) salariés sur le site. « Vous voulez qu’on y aille maintenant ? », a alors lancé Michel Blanchon (CGT cheminots), partant pour aller haranguer ses collègues non-grévistes au sein des ateliers. Aussitôt proposé, aussitôt réalisé, les dizaines de grévistes ont quitté leur piquet pour se rendre dans le dépôt et développer leurs arguments. « Les cheminots ont toujours été la locomotive des mouvements de grève ! Si on les laisse faire, ils nous tondront jusqu’à la fin de notre vie. Mais si l’on s’y met maintenant, si chacun y met du sien, alors ils reculeront ! », ont exhorté Maxime Gerosa, Delphine Huens et Michel Blanchon.
Un débat impromptu s’est alors engagé. « Il ne fallait pas voter Macron alors ! », a lancé l’un des cheminots non-grévistes, qui ne suivra pas le mouvement. Un autre s’interroge sur ses fins de mois difficile, les jours de grève n’étant évidemment pas rémunérés. Un dernier décide finalement de se greffer au mouvement de contestation. « Nous serons désormais 24 heures sur 24 sur le piquet », a conclu Maxime Gerosa. D’autres actions sont prévues dans les prochains jours, à commencer par la manifestation de jeudi à Langres (à 14 h, rassemblement sur la place Bel’Air). Symbole d’une volonté de durcissement, mais en ne sombrant dans aucune forme de violence, les grévistes ont également décidé de se rendre le soir-même à la réunion des maires du canton de Langres (lire ci-dessous).
N. C.
Tensions autour de la réunion des maires du canton de Langres
Quelques dizaines de cheminots grévistes et de membres de l’intersyndicale se sont réunis, ce lundi 20 mars au soir, devant la salle Jean-Favre de Langres, où était organisée une réunion des maires du canton de Langres avec le président du Conseil départemental Nicolas Lacroix. Ce dernier, à son arrivée, est venu saluer les manifestants avec qui il a eu un bref échange tendu. Assumant son soutien à la réforme des retraites, Nicolas Lacroix a rejeté tout « macronisme » de sa part avant de s’engouffrer dans la salle.
Les manifestants ont ensuite demandé à pouvoir intervenir quelques minutes auprès des maires, ce qui n’a pu être réalisé en dépit de négociations serrées avec deux collaborateurs du président du Conseil départemental. L’accès à la salle, lui, était bloqué par la gendarmerie. Au bout de deux heures mouvementées et bruyantes, durant lesquelles le maire de Langres Anne Cardinal, son adjoint Nicolas Fuertes et le maire de Saint-Martin-lès-Langres Mickaël Goirot sont sortis apportés leur soutien aux grévistes, Nicolas Lacroix n’a finalement consenti qu’un entretien privé, refusé par la délégation de représentants syndicaux. « On nous a baladés, Lacroix n’a même pas informé les maires de notre volonté de leur parler », a fustigé Michel Blanchon (CGT), tandis que Maxime Gerosa (Sud-Rail) vilipendait avec colère un « mini-Macron ». Les manifestants ont quitté les lieux vers 20 h.