La preuve par neuf – L’édito de Christophe Bonnefoy
Ce lundi, le suspense fut insoutenable, sans l’être vraiment. Un peu, quand même. Mais pas tout à fait. Les motions de censure destinées à faire mettre au gouvernement un genou à terre – à l’entraîner dans la chute, même -, ont finalement fait pschitt. Par les lois mathématiques, elles pouvaient être couronnées de succès. Dans les faits, chaque acteur, dans l’hémicycle, est resté ferme sur ses positions, sans changer d’avis à l’ultime moment du vote. Mais au moins, les choses ont été dites. Certes, dans les mêmes termes qu’habituellement, chacun, du côté d’Elisabeth Borne comme en face, dans l’opposition, se rejetant la responsabilité du marasme dans lequel nagent depuis des semaines nos représentants politiques.
Sur le sujet du jour – les motions donc -, si la Nupes et le Rassemblement national ont tout fait pour enfoncer encore un peu plus la Première ministre et avaient clairement affiché leurs intentions, les députés LR n’ont en définitive pas créé la surprise. Les Républicains ne se sont pas sentis l’âme de rebelles. En tout cas pas en nombre suffisant. Exécutif, 1 ; opposition, 0.
Reste que les neuf voix – LR ? – qui manquaient sont révélatrices de l’époque. Pour dire les choses clairement, est ainsi mise en lumière, pour ceux qui n’auraient pas compris, une crise politique majeure. Et par la même occasion une autre crise – sociale celle-ci – qui n’a peut-être pas fini de faire parler d’elle. La preuve par neuf, si l’on peut dire, que pour Emmanuel Macron, les quatre prochaines années risquent d’être brûlantes. Il est évident que les derniers mois auront laissé des traces. La rue était, dès ce lundi soir, là pour le rappeler. Et pas toujours de manière bon enfant, c’est peu de le dire.
Mais au-delà de la crise politique, de la crise sociale qui l’accompagne, de ces motions de censure qui ont échauffé les esprits, on en aurait presque oublié… que ce lundi, aux alentours de 18 h 45… la réforme des retraites a été adoptée.