Envie d’un trip frousse et enquête ? Cap sur « l’étrange presbytère » (et visite en vidéo)

La frousse comme trip, sans toutefois verser dans le charlatanisme, c’est ce que le documentariste David Galley propose le temps d’un week-end dans « l’étrange presbytère » de Graffigny-Chemin. Avant d’enquêter. Le journaliste documentariste et auteur est spécialiste de « paranormal », en dégraissant le domaine de ses très nombreux usurpateurs (sic).

« Je l’ai acheté sur leboncoin ». Avec le presbytère de Graffigny-Chemin, David Galley a enfin mis la main sur la bâtisse qu’il cherchait, un lieu où l’étrangeté semble avoir fait son nid. Le journaliste réalisateur d’images (JRI), documentariste et producteur, auteur également, fondu avisé de « paranormal » y concrétise son projet. Ici, il organise des week-ends pendant lesquels une poignée de personnes assez passionnées par les phénomènes bizarres pour être prêtes avoir les chocottes, l’essentiel est de les vivre, puis de chercher des explications qui puissent les libérer du bombardement d’interprétations engendré par ces étrangetés. « On a un boulot de détectives ». Dans « l’étrange presbytère », on prend un verre au salon, on dîne aux chandelles « sans être jamais 13 à table », on assiste à des conférences portant sur « le paranormal » avant de dormir. Alors, certes, ici, le cadre est à part. Lumières jaunes, faiblement éclairantes, représentations religieuses en pagaille, reproduction de fenêtres en ogives par ci, peau de renard avec sa tête étalé sur la crête du dossier d’un canapé par là, petit théâtre sur fond étoilé, chaire à la place d’un pupitre… il règne une atmosphère éloignée de l’hôtel de la plage de nos évasions. Surtout, dans l’étrange presbytère, il arrive de drôles d’histoires… Visite en vidéo du lieu pour commencer, suivez le guide David Galley…

« Toc, toc, toc »

« Toc, toc, toc ». David imite le bruit qui a surgi alors qu’il était avec une amie dans la cuisine. « On avait frappé à la porte ». Il va « tranquillement » ouvrir. « Il n’y avait personne, pas de gamin plaisantin, le village n’en a pas ». Son amie s’est conjointement penchée par la fenêtre, non, pas âme qui vive sur le seuil. La soirée reprend… une dizaine de minutes. « Toc, toc, toc ». Cette fois, les deux amis bondissent, David se précipite à la porte, la demoiselle fond sur la fenêtre. Mais non, il n’y a toujours personne. Maintenant, c’est un week-end, et un couple d’hôtes est d’humeur chagrine en préparant le petit-déjeuner. « Qui est le petit gueulard qui a appelé sa mère toute la nuit ? ». À dire vrai, rapporte David, le marmot en question traînait sur les syllabes, il faisait plutôt « Mamiiiin… ». Avec une persévérance telle que le couple a fini par décider de se lever. « À peine assis sur le bord du lit, le Mamiiiiin s’est arrêté ». Le couple n’allait plus remettre les pieds ici. Au passage, David refuse de dormir seul dans l’étrange presbytère, qui est pourtant sa propriété. « Je suis d’un tempérament un peu trouillard ». Pas question de saccager sa nuit, pas question de se faire mal.

« Vous avez entendu ? »

« Vous avez entendu ? ». Oui, cette plainte qui s’est soudainement élevée n’a échappé aux oreilles d’aucun convive. À table, cet hôte est le premier à en parler. Il insiste : mais d’où vient ce gémissement ? On était venu dans l’étrange presbytère pour le frisson, eh bien le voilà. Les oreilles se transforment en « paraboles ». On distingue maintenant le souffle du vent, qu’on n’aurait pas cru si puissant, en claquant, un volet nous fait sursauter, on se souvient que les murs de l’enceinte de la bâtisse du curé Émile sont faits de pierres tombales de l’ancien cimetière adjacent, des ossements que David a indiqué retrouver parfois dans la cour, du puits bouché par une pierre si « énorme » qu’il a dû commander un engin mécanique pour la retirer… On songe au moment où, retiré dans sa chambre, on sera seul avec le souvenir de cette voix venue de nulle part, on réalise que l’étrange presbytère est situé côté Graffigny du village, dans une cuvette, et que plus souvent qu’à son tour, le téléphone mobile ne passe pas… La nuit promet. De son côté, ce soir-là, David est fort contrarié. Il s’est levé de table pour filer dans la cuisine, si le « paranormal » est son dada, il sait qu’il génère une palanquée d’usurpateurs (voir encadré). « J’ai trouvé une petite enceinte bluetooth cachée dans un pot sur le réfrigérateur… ».  

« Détective » avant tout

« Une nuit que je fumais une cigarette dehors, une chouette m’a foncé dessus ». David avait vu le rapace, au loin, sans remarquer de posture belliqueuse. « Arrivée à hauteur de mon visage, elle a freiné, toutes ailes déployées… J’ai crié ». Remis de ses émotions, le « détective » David se met au travail… et il trouvera une explication rationnelle. « La chouette a pris la cendre incandescente pour un ver luisant, dont elle est friande ».  Ce matin même encore, sur le parking d’une grande surface où il avait acheté des plantations, David a trouvé… une pie installée sur le rétroviseur de sa voiture. Il lui a longuement parlé, vidéo à l’appui, la scène est stupéfiante. Là encore, il n’y a pas vu d’emblée un mystère, voire « un signe ». Il est allé raconter l’affaire au patron du magasin. « Il m’a dit que cette pie avait été apprivoisée, et que, depuis que son apprivoiseur était parti, elle campait souvent sur le parking ». David évalue à « 4 ou 5% » les phénomènes qui « restent bizarres ». Il les reconnaît à la sensation qu’ils font naître : « il n’y a plus de notion de temps ni d’espace ». Expérience qu’il garantit décapante, en répétant qu’elle se vit rarement.

Fabienne Ausserre

f.ausserre@jhm.fr

Un domaine peuplé d’usurpateurs assumés… ou pas

« Un jour, un type de la Meuse me contacte pour me dire qu’il a vu un OVNI ». David Galley (c’est un pseudo, NDLR) part à sa rencontre. Son interlocuteur reprend le récit de son apparition depuis zéro, c’est « dans un champ » qu’il a vu l’engin venu d’on ne sait où. Ses plans, le JRI veut naturellement les faire dans le champ en question.  Sauf que le prétendu témoin refuse catégoriquement, lui, il a son idée d’un cadre qui serait autrement opportun. Il racontera face caméra ce qu’il dit avoir vu… devant son restaurant. Bref, c’est un bon coup de pub’ dont il a envie. Si David chasse les témoignages de visions et/ou de phénomènes étranges, il a fait le calcul : dans leur grande majorité, ceux-ci sont l’émanation d’interlocuteurs fantaisistes, à dessein ou… à l’issue de leur plein gré.