Radicalisation – L’édito de Patrice Chabanet
Il n’a pas fallu longtemps pour que le pataquès politique renforce la contestation populaire. Le 49.3 a agi comme un détonateur. Défilés et blocages routiers se sont multipliés dès la fin du discours de la Première ministre. Le droit de manifester est parfaitement compatible avec la démocratie. La montée en puissance des actes de violence ne l’est pas du tout. Le saccage des vitrines et certaines menaces sont inquiétants. La bêtise et l’ignorance expliquent mais n’excusent pas. Ceux qui font le forcing place de la Concorde pour essayer de marcher sur l’Assemblée nationale savent-ils qu’il y a un précédent, celui de 1934 où l’extrême droite avait tenté de prendre d’assaut le temple de la démocratie ?
Jusqu’à présent, les organisations syndicales ont réussi à ne pas se faire doubler par les groupuscules d’extrême gauche ou par des hurluberlus fascinés par le spectacle des flammes. D’une certaine manière, elles ont remporté une première manche : le gouvernement est en grande difficulté et l’opinion publique soutient toujours le mouvement avec une vigueur qui ne se dément pas.
Il est difficile d’envisager à chaud l’issue de la crise que le pays traverse. Nombreuses sont les hypothèses plausibles : dissolution, démission de la Première ministre, déchaînement de la colère. Les partis politiques, et pas seulement ceux de la majorité, auront à revoir sérieusement leur copie. Les Français ne les écoutent plus, n’y croient plus. Un divorce qui doit interpeller tous les démocrates. Faute de quoi les extrémistes ramasseront la mise. Notre pays ne le mérite pas.