Tout ça pour quoi ?
Tout ça pour ça… Des semaines de discussions, des jours entiers à expliquer qu’à grand renfort de pédagogie, le projet de réforme des retraites allait être compris. Le jeu de la démocratie, qui oblige à convaincre plutôt que se laisser tenter à imposer, n’aura finalement fait que des perdants.
L’utilisation du 49.3, fût-il constitutionnel, donc légal, a valeur d’échec. Pour tout le monde. Emmanuel Macron d’abord, qui avait fait de cette réforme un point central de son quinquennat. Par ricochet, pour Elisabeth Borne et Olivier Dussopt, qui auront laissé l’impression d’avoir sciemment parlé dans le vide, tout au long des débats à l’Assemblée. Evidemment, aussi, pour les oppositions, et naturellement la Nupes, qui ont quelque part également aidé à rendre l’issue inéluctable. Pour l’ensemble des députés, plus largement, dont la raison d’être est de voter les lois. Tout ça pour ça…
Au bout de la chaîne, ce sont les Français qui prennent de plein fouet et un peu comme la goutte d’eau qui ferait déborder le vase, ce recours à un article qui rend vaine l’acceptation de tout avis contraire. On discute, on discute… mais c’est comme ça… il n’y a même pas à tergiverser au bout du compte. Ne sera retenu, pour nos compatriotes, que l’allongement de la durée du temps de travail. On pourra toujours leur expliquer que la réforme était bonne. Le 49.3 vient simplement apporter la preuve, à leurs yeux, qu’on ne laisse aucun choix lorsqu’on sait une mesure bancale.
Et maintenant ? Cette conclusion radicale aura forcément des conséquences. Sociales, par définition. Politiques, indéniablement. Il n’y a qu’à voir les mouvements de foule dans la capitale et le grand cirque qui s’est joué ce jeudi dans l’hémicycle, aussitôt la responsabilité du gouvernement engagée.
Dans l’immédiat, la Première ministre est sur un siège éjectable, probable motion de censure transpartisane oblige. Et c’est la suite du quinquennat lui-même qui risque d’être explosive.