Sale ambiance – L’édito de Christophe Bonnefoy

La semaine sera cruciale, c’est une évidence. Politiquement, c’est sûr. Sur le front social, la mobilisation, elle, a certes marqué le pas ces dernières semaines. Mais il n’y a guère que les devins, et encore, pour pouvoir nous prédire ce qu’elle sera dans les prochains jours. Puis après. Une seule chose est en fait quasiment sûre, la réforme des retraites est en train de prendre corps, que son inscription dans le marbre se fasse par le vote ou par 49.3. Et la colère – de l’opposition, des syndicats et plus largement des Français – est réelle. Reste pourtant à savoir si, comme cela est évoqué depuis un moment, ces derniers ne sont pas en mode résignation.

Mais même si c’était le cas, il serait dangereux, particulièrement pour le gouvernement, de penser que l’affaire sera close, une fois la réforme adoptée. Les retraites sont une chose. La baisse du pouvoir d’achat, la hausse du montant des factures d’énergie et plus globalement le mal-être presque général en sont une autre. On en a d’ailleurs un petit aperçu avec le (non) ramassage des ordures, principalement à Paris. Contre la réforme des retraites, les blocages, même s’ils sont réels, ne sont pas forcément venus d’où on les attendait… et n’ont pas réussi à mettre le pays à l’arrêt. Jusqu’à maintenant, les voitures roulent toujours. Les trains aussi, bon an mal an. Mais le symbole que nous offrent ces images de centaines de tonnes d’ordures qui s’amoncellent sur les trottoirs parisiens donne l’idée de l’ambiance. Trace la plus visible d’un certain ras-le-bol, le mouvement des éboueurs pourrait augurer de “l’après”. De là à dire que ça pourrait sentir mauvais…