La passion de la pêche, une affaire de famille
L’ouverture de la pêche à la truite est un moment privilégié pour transmettre sa passion. A Brethenay et à Roôcourt-la-Côte, c’est en famille que cette passation s’opère. Reportage.
A Brethenay, 7 h sonnent au clocher de l’église, ce samedi 11 mars 2023. En contrebas du village, au pont de la Marne, une bonne vingtaine de véhicules indiquent qu’il se passe quelque chose. Pour l’ouverture, des dizaines de pêcheurs sont répartis sur le cours d’eau. Les eaux hautes, très chargées et au courant plutôt fort, ainsi que la température froide – il a même neigé dans la nuit – laissent augurer de conditions de pêche difficiles. Malgré le rempoissonnement, les truites sont difficiles à prendre. Elles « sont calées » dans des endroits plus calmes et n’en bougent pas.
Sous un bouquet d’aulnes, Florian Dolci et son fils Paul s’évertuent à essayer de capturer au moins un poisson. Florian a découvert la pêche « sur le tard, à 18 -19 ans, grâce à un ami. J’ai été conquis par cette activité, et dès que j’ai pu, j’ai fait en sorte d’initier mon fils. »
Deux styles, deux générations
Cela a commencé assez classiquement par des sorties en pisciculture pour les premières prises, puis un permis de pêche autour de l’âge de 10 ans. Paul est désormais « mordu » : « Ce qui me plaît, c’est le contact avec la nature, et le fait de chercher et trouver le bon appât pour attraper les poisson. » C’est même le fait que Paul s’intéresse à la pêche qui a poussé son père à s’y remettre sérieusement.
Si Florian est resté sur une pêche au ver, Paul a déjà testé pas mal de leurres ce matin. Deux générations, deux styles, et cela se voit jusque dans la tenue. Plus classique, un rien anglais, chez le père, streetfishing et urbain chez le fils. Le père insiste sur les endroits qu’il pense favorables, le fils préfère parcourir davantage de terrain. « On verra ce soir qui aura raison » fixe Florian.
Bénéficier de 70 ans d’expérience
Plus en aval, au Pont Rouge de Rôocourt-la-Côte, sur le tout nouveau Parcours Familles, Daniel Martin, 70 ans de pêche au compteur, encadre Juan, 12 ans, et Paolo, 15 ans. Le président de l’AAPPMA l’Hameçon bolognais a commencé à pêcher autrefois avec un oncle. Une perche de noisetier et une plume sur le fil, à taquiner les vairons.
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Il en connaît un rayon sur la transmission de la passion halieutique. Daniel Martin est en effet depuis 28 ans l’âme de l’Atelier pêche nature de Bologne. La seule école de pêche de Haute-Marne gérée par une association* initie en moyenne chaque année une quinzaine de personnes, dont des adultes.
Daniel Martin a déjà emmené ces deux adolescents de sa famille à la pêche à plusieurs reprises, notamment au coup sur des gardons en étang, ainsi qu’à la truite et aux carnassiers. Il fait profiter ces jeunes de son incomparable expérience, et insiste en premier lieu sur la sécurité. « Si vous êtes accrochés, surtout ne tirez pas face à vous. Si le leurre se décroche brutalement, vous pouvez le prendre en pleine figure, et c’est direction l’hôpital » insiste Daniel Martin.
L’école de la patience
L’autre axe, c’est aussi le civisme et le respect de l’environnement : « On ne laisse rien traîner au bord de l’eau. On arrive, le coin est propre, on repart il doit rester propre. Et si on trouve des déchets, on ramasse si c’est possible » dit-il aux jeunes gens. La pratique pure de la pêche n’est bien sûr pas en reste, et il a l’œil à tout, rectifiant un montage ou la fixation d’un leurre, en fournissant les explications nécessaires pour progresser. Une présence attentive et bienveillante qui est incontestablement la marque de fabrique d’un mentor doublé d’un pédagogue.
« L’ouverture est une fête » pour Daniel Martin, assez dépité des conditions dans lesquelles elle se déroule cette année. « On a eu trois mois sans une goutte d’eau, peu de pluies cet hiver et la sécheresse l’an dernier. Et là, juste pour l’ouverture, on a de la neige, du gel et presque une crue ». Pas idéal dans ces conditions d’avoir la joie de leurrer une truite, même d’élevage, mais l’apprentissage de la pêche, c’est aussi l’école de la patience et de la persévérance.
Jean-Noël Deprez
*L’autre structure, la Maison pêche nature de Chaumont, est animée directement par la Fédération départementale.