Récit d’une journée à Saint-Dizier

A 8 h, le barrage filtrant mis en place au rond-point des Nations marchait comme sur des roulettes. Entrée et sortie de RN4, centre-ville de Saint-Dizier, D635 vers l’hôpital et Bar-le-Duc, D221 vers Villiers-en-Lieu… Chaque accès était minutieusement contrôlé par des petits groupes, à l’aide de pneus et palettes. Hormis un automobiliste mécontent autour de 8 h 15, chacun attend patiemment dans sa voiture. Les poids-lourds soutiennent à coups de klaxons, comme les chauffeurs de bus du réseau Ticéa qui saluent les grévistes.

Si les véhicules sont à l’arrêt, les trottinettes peuvent passer : « Vous pouvez aller sur la N4, c’est gratuit aujourd’hui », plaisante un membre de Force ouvrière. Un peu plus haut, un groupe d’une dizaine de personnes – pour le double de pneus – est posté sur la N4. Un endroit stratégique pour atténuer la circulation, ce qui porte ses fruits depuis 5 h du matin : « C’est bloqué jusqu’à Ancerville », nous confiait un manifestant autour de 8 h 30. Dans l’autre sens, « c’est le bazar depuis Perthes ». En attendant de passer, les routiers débattent sur le fond et la forme : « Un million de grévistes qui bloquent 40 millions de travailleurs, franchement… ». « C’est parce que tu ne penses qu’à toi, tu te vois vraiment bosser jusque 64 ans ? Arrête un peu, le gouvernement peut faire autrement. C’est normal que les gens réagissent. Là, c’est la meilleure chose à faire ».

Au Nations, mais également au centre hospitalier, à Marnaval, ainsi qu’au rond-point du canal d’amenée du Der, entre Valcourt et Saint-Dizier : à cet endroit, certains syndicats étaient sur le qui-vive depuis 4 h 30 du matin. « Pas pour tracter, on l’a assez fait ! », lâche un membre de FO, qui bloquait quelques minutes la circulation pour marquer le coup. La mobilisation est restée intacte sur ce giratoire stratégique jusque dans l’après-midi.

L.V. et N.F.