Surmortalité et éoliennes : il faut comparer ce qui est comparable !

Etienne Clément, président de la LPO Champagne-Ardenne et Grand Est, réagit aux propos de Franck Leroy sur le thème surmortalité animale et éoliennes.

 Jhm quotidien a relayé les propos de Franck Leroy, président de la Région Grand Est, invité à réagir à « la fronde d’éleveurs haut-marnais qui rendent les parcs éoliens et les antennes de téléphonie responsables de surmortalité dans leur cheptel ». Citant des études réalisées sur les interactions entre éoliennes, chauves-souris et oiseaux, l’élu devait ajouter que « La Ligue pour la protection des oiseaux avait définitivement clos le sujet en indiquant qu’un chat errant faisait plus dégâts qu’une éolienne sur les oiseaux ». Tel quel, « le raccourci a de quoi surprendre dans la mesure où les deux problématiques n’impactent pas les mêmes espèces », relève Etienne Clément.

« S’agissant du chat, son impact sur l’avifaune est un fait avéré. Plus de 10% des animaux accueillis dans les centres de soins gérés par la LPO sont victimes de la prédation d’un chat : 84% sont des oiseaux, 16% sont des mammifères ou des reptiles. Les trois espèces d’oiseaux les plus affectées sont le moineau domestique, le merle noir et la Tourterelle turque. »

Concernant l’impact du parc éolien (qui compte aujourd’hui plus de 8 000 machines terrestres) sur l’avifaune, la LPO a mené une étude des suivis de mortalité à l’échelle nationale de 1997 à 2015, la Haute-Marne ayant été un des départements français parmi les plus contributeurs en terme de données. Il en ressort que si les passereaux migrateurs (roitelets, martinet noir…) constituent l’essentiel des victimes, les rapaces diurnes (faucons, milans, busards, buses) sont indéniablement les espèces les plus impactées par les éoliennes au regard des faibles effectifs de leur population.

« Ni anti-chats, ni anti-éoliennes », la LPO Champagne-Ardenne est impliquée depuis une vingtaine d’années sur le développement d’éolien en région.  « Nous avons été ainsi chargés de réaliser le volet avifaune du schéma de développement éolien de Champagne-Ardenne, paru en 2005 et réactualisé en 2012. Par ailleurs, nous intervenons très régulièrement dans le cadre d’enquêtes publiques pour apporter notre connaissance des enjeux ornithologiques et nous n’hésitons pas à contester les projets mal conçus et à demander que ne soit pas autorisé les parcs dans certains secteurs champardennais sensibles. »