Dorothée Daniel se pointe chez Boby
Dans le cadre d’un projet mené avec quatre interprètes féminines, Dorothée Daniel rend hommage à Boby Lapointe, artiste adulé par petits et grands dans les années 1960. Une étape supplémentaire pour une artiste appelée à se produire en Haute-Marne, le printemps venu, avec son compagnon, dans le cadre de la cyclo-tournée “Lady Do et Monsieur Papa dépassent les bornes”.
Une enfance chaumontaise, « une famille de mélomanes », des années passées à user les tabourets de piano à l’Ecole de musique de Chaumont, une sensibilité affirmée pour Brel, Brassens, Ferré et Barbara, des carnets noircis, des études à Dijon et un retour à Chaumont en qualité d’enseignante, au Conservatoire de musique de Chaumont, rue Dutailly, là où tout a commencé. La suite ?
Dorothée Daniel écrit, encore et encore. « Jusqu’à me dire que c’était véritablement ce qu’il fallait que je fasse à plein temps. » Le succès ne se fit pas attendre. Un premier album en 2005, “ La compagnie des anges ”, puis un deuxième en 2007, “ En haut des peupliers ”, l’artiste impose sa touche, son style, Dorothée Daniel apprend et s’affirme au fil de riches expériences avec Yves Jamait, Grand Corps Malade, Anne Sylvestre ou la truculente Agnès Bihl.
Les années passent. La Chaumontaise poursuit sa route, Dorothée Daniel a rendez-vous avec Boby Lapointe. Un symbole. En mai 2020, au cœur du confinement, Dorothée Daniel, alias Lady Do (lire par ailleurs), partageait dans ces colonnes un souvenir prémonitoire. En marge de l’apprentissage du piano, son premier amour, l’instrumentiste a enlacé une guitare. « Une guitare sommaire comme le dit Boby Lapointe », soulignait alors l’artiste en référence à la fameuse « Leçon » donnée par un excellent guitariste, un amoureux des mots adulé par petits et grands dans les années 1960. L’an 2023 venu, Dorothée Daniel a rendez-vous avec Boby Lapointe. Une pointure ! Accompagné à ses débuts par Philippe Weil et Alain Goragueur, arrangeur de Boris Vian ou Serge Gainsbourg, connu pour ses collaborations avec François Truffaut ou Claude Sautet dans “Tirez sur le pianiste” ou “Les choses de la vie”, complice de Georges Brassens, un guide, un ami fidèle, à l’affiche en compagnie de Johnny Hallyday, Charles Aznavour, Jean Ferrat ou des Rolling Stones, Boby Lapointe, écologiste de la première heure, a marqué les années 1960 de son empreinte.
« Une belle surprise »
Dorothée Daniel a rendez-vous avec le roi des calembours et des contrepèteries dans le cadre d’un projet porté par l’équipe du Forum Léo Ferré, « une salle résistante de la chanson française » où l’artiste a par le passé eu le plaisir de jouer avec Agnès Bihl. Dans le cadre d’un spectacle baptisé “Les chants d’un imbécile heureux”, Dorothée Daniel, Marie-Thérèse Orain, Sophie Le Cam, Raphaëlle Saudinos et Garance « portent douze chansons » de Boby Lapointe. « Ce projet est une belle surprise, à la base, il s’agissait d’un concert au Forum Léo Ferré et de l’enregistrement d’un album avec Universal, mais au regard du résultat, de notre excellente entente et de l’engouement autour de ce projet, nous pensons donner plusieurs concerts dans les mois à venir. »
Le talent des cinq interprètes a exhumé un trésor enfoui depuis plusieurs décennies et méconnu des jeunes générations. Surprenante, hilarante, l’œuvre de Boby Lapointe n’a pas pris une ride. « Gilles Tcherniak est à la source de ce projet puisque son père a accueilli Boby Lapointe à ses débuts au cabaret le Cheval d’or où Gilles, enfant, a pu le voir en concert à de nombreuses reprises. Ce projet prend également une dimension particulière puisque Boby Lapointe souhaitait que des interprètes féminines portent ses chansons. Cinquante ans plus tard, des femmes reprennent ses chansons, la boucle est presque bouclée. La fille de Boby Lapointe a suivi l’enregistrement, elle a été très émue, ce projet est une très belle histoire », se réjouit Dorothée Daniel.
Cette réussite renvoie à un goût prononcé pour les projets collectifs. Avec l’album “Carré de Dames”, Dorothée Daniel avait partagé album et concerts avec Anne Sylvestre, Nathalie Miravette et Agnès Bihl, dans le même temps, l’artiste intégrait le collectif Dimey Pluriel à l’occasion de l’enregistrement d’un album rassemblant de nombreux artistes haut-marnais. « J’aime travailler en groupe, travailler avec des musiciens, des régisseurs, des scénographes, des techniciens… J’aime également le mélange des voix. Des artistes cheminent de façon solitaire, ce n’est pas mon cas, j’ai besoin de me nourrir de rencontres, les échanges sont source d’énergie », souligne Dorothée Daniel, heureuse à l’idée de retrouver la Haute-Marne, le printemps venu, à l’occasion de deux concerts donnés avec son compagnon (lire ci-dessous). « Ce sera chouette ! » Forcément.
Thomas Bougueliane
Photo : Magali Maricot
