La promesse Brel : un pari magnifiquement réussi !
CULTURE. Samedi 25 février au théâtre, Arnaud Askoy, sosie de Brel et artiste talentueux, a conquis un public épris du Grand Jacques et pourtant « les spectateurs m’attendent… au tournant ! » avoue-t-il en riant.
Lorsqu’on a grandi avec les chansons de Brel, que l’on connaît quasiment par cœur toutes les paroles et que l’on a pleuré lorsqu’il est parti rejoindre les étoiles, alors on arrive à ce spectacle avec des sentiments mitigés. Est-ce possible qu’un sosie puisse nous faire revivre les émotions que Jacques Brel savait susciter ?
Envoûtement
Le spectacle démarre avec la voix de Brel sortant d’un poste TSF : « Le talent ça n’existe pas, le talent c’est d’avoir envie de faire quelque chose. » Vêtu d’un costume gris, chemise blanche et cravate noire, Arnaud Askoy arrive sur scène dans une semi obscurité et se plante devant le micro. Il nous emmène aux « Marquises », une chanson extraite du dernier album de Brel sorti en 1977, un an avant son grand départ. Le décollage n’est pas immédiat, trop occupés que nous sommes à résister à cette audace. Alors, Arnaud nous tente malicieusement avec « Les bonbons », puis nous offre avec humilité et prouesse les tubes de l’artiste : « Quand on a que l’amour », « Mathilde », « Jojo », « Dans le port d’Amsterdam » pour n’en citer que quelques-uns. On se laisse alors immerger par nos émotions tant le timbre, les intonations, la gestuelle, l’engagement d’Arnaud Askoy nous envoûtent comme Brel savait le faire.
C’est clair, Arnaud Askoy a suivi avec une belle énergie les préceptes de l’ami Brel. Il en a fallu de la ténacité et de la discipline pour décrypter et s’approprier Brel sans le desservir tout en gardant sa flamme personnelle. Sur scène, deux immenses musiciens : Roland Romanelli, au piano et à l’accordéon et Jean-Philippe Audin au violoncelle. Roland Romanelli pianiste favori de la grande dame Barbara a écrit pour ce spectacle “la promesse Brel” des arrangements originaux dans lesquels le violoncelle sous les doigts de Jean-Philippe Audin apporte sa délicieuse suavité.
Une petite touche de regrets qui ne tient pas aux artistes mais aux spectateurs : bien sûr que toutes les paroles sont au bord de nos lèvres, mais gardons les à l’intérieur de nous ! Bien sûr que l’on est pressé de montrer son engouement par des applaudissements, mais laissons vibrer les sons jusqu’à la dernière note !
Un récital brillant qui s’est clos par trois standing ovations suivi d’une séance de dédicaces. Arnaud Askoy, qui a abandonné son métier de détective (le jhm du 24 février) s’adonne à d’autres arts que la chanson puisqu’il est aussi peintre et poète. Un artiste à suivre et à recommander…
De notre correspondante Pascale Rigaut