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Arnaud Schwartz, « l’instit » de la prison de Clairvaux

Dépôt de gerbes au monument des morts de la centrale.

Education. A 67 ans, au lieu de prendre sa retraite, Arnaud Schwartz, « l’instit » comme l’appellent les surveillants de la prison de Clairvaux, a décidé de rempiler quelques mois. Comme la centrale va fermer en 2023, il a souhaité « rester jusqu’au bout car on n’abandonne pas une famille qui vous a adopté ».

Arnaud Schwartz souhaitait plutôt enseigner auprès d’élèves en difficulté scolaire. Il ne s’était jamais intéressé à ce qui pouvait se passer derrière les hauts murs de l’abbaye de Clairvaux et encore moins à la population détenue. « Je me souvenais cependant de l’assassinat de Nicole Comte, infirmière, et Guy Girardot, surveillant, le 21 septembre 1971 par deux détenus. »

En 1980,  il est pris comme vacataire pour donner des cours d’alphabétisation à la prison de Clairvaux. «Les candidats ne couraient pas les rues, comme on dit. J’avais 24 ans. Je me souviens de ma première vacation. J’ai frappé à la porte “Une” avec le marteau.

Arnaud Schwartz à gauche, dans sa salle de classe.

Un surveillant m’a ouvert, un autre m’a conduit dans la salle de classe au troisième étage après avoir franchi 27 portes. Il a fallu environ 20 minutes pour arriver là où m’attendaient quinze détenus. Ceux-ci avaient, à ma grande surprise, l’air de “monsieur tout le monde” alors que je pensais trouver des émules des « Tontons flingueurs ». Je n’avais qu’une peur, celle de ne pas être à la hauteur. Les deux heures se passèrent bien parce que nous avons été en confiance, les détenus et moi. Et sans doute parce que le surveillant n’est pas resté dans la salle, me disant “Je reviendrai vous chercher dans deux heures » ».

Une « tâche immense »

Jusqu’en 1999, il est à la fois enseignant en Segpa (Section d’enseignement général adapté) au collège de Bar-sur-Aube et vacataire à Clairvaux. En 1999, il obtient un temps complet à Clairvaux. Les candidats ne se bousculaient toujours pas. « Les tragédies de 1971 et 1992, laissaient des traces. Ainsi, le 11 septembre 1992, j’avais cours dans le bâtiment B, quand je vis quelque chose qui au début me parut normal puis bizarre à tel point que les surveillants me dirent de m’en aller car il y avait des tensions. Je me retrouvais au milieu d’une véritable scène de guerre entre un surveillant, Marc Dormont, blessé, que je mis en PLS (position latérale de sécurité) pour attendre le Dr Paul Myara qui ne put rien faire pour le sauver, un détenu tué d’une balle et une fourgonnette avec huit détenus qui s’évadaient avec des otages. » En 1999, l’établissement comptait 360 détenus : 250 à la Centrale, des longues peines (au-dessus de quinze ans) et 110 pour des peines de moins de quinze ans, dans le Centre de détention (ex-infirmerie des moines construite au début du XVIIIe) jusqu’en 2009, date de sa fermeture.

Une des manifs.

« Ma tâche était immense : les détenus ne pouvaient pas être mélangés pour des raisons évidentes de sécurité et parce que les niveaux allaient de l’alphabétisation au tutorat universitaire en passant par le primaire et le secondaire. Il fallait que je m’occupe de tout le monde. Les détenus m’en étaient reconnaissants. Ils l’étaient aussi parce qu’ils voyaient que je ne ménageais pas mon temps, que j’aimais ce que je faisais, que je ne prenais pas toutes les vacances… Ils voyaient que je ne laissais personne de côté et me disaient souvent : “Je sais, prof (ce nom m’a été donné dès le premier jour et perdure), tu ne peux pas t’occuper de tout le monde, je vais attendre mon tour” ». Arnaud Schwartz a donc donné des cours d’alphabétisation, des cours de maths, français… niveaux primaire et collège et fait appel à des vacataires pour les langues, maths… lorsque ses détenus veulent passer le brevet, le bac ou préparent des diplômes universitaires. « Quelles satisfactions quand on constate les progrès des élèves, les réussites aux examens ! »

De notre correspondant André Auguste

Favoriser la réinsertion des détenus

La réinsertion passe par l’éducation mais pas seulement. Arnaud Schwartz l’a bien compris. Il a fait venir des personnalités du monde sportif (Maud Fontenoy), du monde de l’écriture (Daniel Rondeau) et du monde de la création littéraire avec Anne-Marie Sallé, lorsque celle-ci organisa le Festival “Ombres et lumières”. Il a eu l’idée de faire passer à certains le Code de la route et le permis de conduire. Il a proposé de la culture (visites du Mémorial de Gaulle à Colombey, de la Maison des Renoir à Essoyes, de l’abbaye de Clairvaux et ses cages à poules) mais aussi des randonnées pédestres dans les environs, des sorties à vélo…

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