Une (vraie) légende – L’édito de Christophe Bonnefoy
Légende par ci, légende par là. Aujourd’hui, le terme se déguste un peu à toutes les sauces. Dans le sport, au cinéma, devient désormais légende celui qui buzze, celui qui gagne (beaucoup d’argent), celui qui bénéficie de la bienveillance ambiante. Un peu trop facile parfois, jusqu’à galvauder la signification du mot.
Just Fontaine, lui, était une légende. Une vraie. A tel point que son nom était devenu indissociable de sa discipline. Un marqueur, c’est le cas de le dire. Une référence. Just Fontaine = football. Le champion a fait briller les yeux de nombreuses générations de supporters.
D’abord ceux qui restent nostalgiques du grand Reims. Il en fut un attaquant vedette. Mais surtout, depuis 1958, il est – et il le restera peut-être encore longtemps – le meilleur buteur lors d’une phase finale de coupe du monde. Cette année-là, les Bleus avaient atteint le stade des demi-finales. Et il ne se passe pas aujourd’hui un Mondial sans que ne soient évoqués les treize buts marqués par le seul et unique “Justo”.
Just Fontaine, c’était un autre temps, un autre football. Une autre mentalité aussi, sans doute. Les contrats ne se négociaient pas encore à coups de centaines de millions d’euros. Les moyens étaient tout autres. On pourrait presque affirmer, pour résumer, que seul le talent portait les champions tout en haut des montagnes.
Just Fontaine avait ce talent. Celui qui en fait, 65 ans après cette fameuse coupe du monde en Suède, un recordman jamais égalé. Voilà qui donne l’idée précise de ce qu’est une légende. Une légende qui a rejoint d’autres géants, à l’âge de 89 ans.