Inflation : quand les frigos des Bragards crient famine
Consommation. Alors que les prix ne cessent d’augmenter dans les supermarchés, le pouvoir d’achat des ménages, lui, se réduit à vue d’œil. Résultat, à Saint-Dizier, quelque soit l’âge ou la catégorie socioprofessionnelle, l’heure est au serrage de ceinture.
« À chaque fois que je vais faire des courses, j’ai peur », confie Nicole, en rentrant chez elle. Retraitée, résidente au 17e étage d’une tour en cœur de ville, elle a fait le constat de l’augmentation exponentielle des prix des produits alimentaires ces derniers mois : « Une douzaine d’œufs vaut 3,60 euros. Avant, ce n’était pas le cas ».
Un budget course plus élevé
Que ce soit les légumes, les pâtes, le riz, mais aussi et surtout la viande, l’inflation n’a épargné aucun produit. Ce qui a eu un impact direct sur le budget des ménages. « Maintenant, quand on va faire nos courses, on a cinq produits sur le tapis et on monte vite sur des sommes allant de 70 à 80 euros, on a l’impression de n’avoir rien acheté », observe Thomas, 41 ans, chef du secteur caisse dans un magasin de bricolage. « Avant, j’en avais pour 200 euros par mois. Depuis ce mois-ci, j’en ai pour 300, voire 350 euros », déplore Lucie, 39 ans, maman de cinq enfants.
Alors chacun y va de sa solution. Si certains ont en conséquence choisi des gammes de produits inférieures à celles qu’ils prenaient auparavant, pour d’autres, le premier réflexe a davantage été d’oublier ceux jugés trop coûteux. « À cause de problèmes de santé, je dois acheter du fromage de chèvre. Mais c’est trop cher, alors de temps à autre, je prends du camembert, même si je sais que ce n’est pas recommandé », détaille Nicole.
Des répercussions sur d’autres postes de dépenses
Bien qu’elle soit aidée par des amis et sa famille, Aurore, elle, maman de quatre enfants et ne touchant que 688 euros par mois, n’hésite pas, régulièrement, à prendre des décisions radicales : « Il y a des jours où je saute des repas pour permettre à mes enfants de manger ». Marie-Claire, de son côté, songe même à troquer son cinq pièces contre un bien plus petit. À la veille des négociations, qui auront lieu le 1er mars prochain entre les grandes surfaces et leurs fournisseurs, nombreux sont les professionnels du secteur prédisant une énième hausse des prix. De quoi susciter encore des inquiétudes chez les consommateurs, comme Marie-Claire, quant au futur contenu de leurs réfrigérateurs : « On se demande où on va. »
Dominique Lemoine
Le panier anti-inflation, plus ou moins bienvenu pour les ménages
Le 8 février dernier, la ministre déléguée au Commerce, Olivia Grégoire, annonçait la possible mise en place d’un panier anti-inflation réunissant une cinquantaine de produits alimentaires et d’hygiène. Que ce soit avec les principaux distributeurs ou les agriculteurs, le dispositif fait néanmoins débat, les premiers refusant l’instauration « d’un prix national maximal », les seconds craignant quant à eux une baisse de revenu se répercutant sur l’attractivité du métier. « On doit renouveler notre profession, on a besoin de jeunes, de repreneurs, s’il n’y a pas de perspectives de revenus, on ne les trouvera pas », s’est inquiété sur FranceInfo, ce lundi 27 février, Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles. Côté Bragards, si certains, à l’image de Lucie, saluent l’initiative, d’autres comme Thomas sont plus perplexes. « Si c’est pour économiser 30 centimes, je ne pense pas que ça aura un réel impact sur nos budgets. »