Familles Ukrainiennes à cœur ouvert
Solidarité. Les amener à parler de leur quotidien mais aussi de leurs projets d’avenir. Tel était l’objet de l’invitation lancée ce samedi 25 février à deux familles ukrainiennes par la sous-préfète de Langres, Emmanuelle Juan-Keunebroek. Entre difficultés et espoirs, elles ont parlé avec leur cœur.
Jhm quotidien s’est largement fait l’écho de la vie quotidienne des ressortissants ukrainiens qui vivent encore aujourd’hui en Haute-Marne, un an après le début de l’invasion russe, quelques mois après leur exil et leur arrivée en France.
En petit comité, dans une forme d’intimité propice aux échanges, la sous-préfète de Langres, Emmanuelle Juan-Keunebroek, a souhaité aussi à sa manière ce samedi 25 février, rappeler que l’Etat reste aux côtés de ces familles exilées. C’est ainsi qu’elle avait convié, en sous-préfecture, autour d’un café, jus d’orange, de quelques beignets et autres moelleux au chocolat, deux familles Ukrainiennes à venir échanger sur leur vie ici, à Langres.
L’association qui les suit, le PHILL, représentée par le directeur adjoint, Franck Moset et par l’intervenante sociale (et précieuse interprète) Alla Arutyunian ainsi que Fabienne Logerot, directrice départementale de la direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations étaient conviés à ce moment d’échanges.
Comme Oksana, Vira, Nina, Ekaterina ou encore le jeune Maxym et la petite Valeria, ils sont encore plus de 200 réfugiés ukrainiens en Haute-Marne, tous désormais hébergés dans des logements autonomes grâce aux associations relais. Anastasia, 22 ans, a trouvé du travail à Langres (notre édition du 25 février), elle vit aujourd’hui dans un studio, parle bien le français et envisage son avenir ici en France.
L’école ici et l’enseignement ukrainien à distance
La scolarisation est plus compliquée, ont rapporté les mamans, « car, après leur journée à l’école, les enfants doivent suivre l’enseignement ukrainien à distance », traduit Alla. En France, à l’école, la barrière de la langue est une vraie difficulté pour les enfants. Pour les mamans aussi. Hormis avec les associations et leurs bénévoles, elles ont « peu de contacts avec leur voisinage. » Leur retour en Ukraine, c’est à peine une perspective pour ces familles. Mais elle ne se dessine pas à court terme vu la situation en Ukraine.
Que faire pour le petit Maxym, jeune garçon autiste, qui peine à trouver ses repères à l’école ? Il ne peut pas être accompagné car il n’a pas la reconnaissance nécessaire de la MDPH (maison départementale des personnes handicapées) du fait de son statut en France, une autorisation de séjour de six mois renouvelables. La sous-préfète a bien pris note et entend régler rapidement la situation.
« Comment se passe votre vie quotidienne ? », a-t-elle longuement questionné, s’enquérant de la situation des enfants, de l’apprentissage de la langue par les mamans et de leurs perspectives d’emploi. Langue et mobilité semblent être des freins mais ils ne sont pas insurmontables. Même la grand-mère, Nina, fait savoir, par l’intermédiaire d’Alla, qu’elle aimerait avoir un petit emploi. Elle mime qu’elle pourrait faire du ménage.
Un poème sur la guerre
Un smartphone est donné à Emmanuelle Juan-Keunebroek afin qu’elle lise à voix haute un poème écrit par l’une des mamans. Séquence émotion autour de la table car il y est question de la guerre, de la mort, des peurs mais surtout de deux peuples -russe et ukrainien- que tout sépare aujourd’hui sur un lit de sang et de haine. Triste et cruelle réalité.
C. C.
Une allocation pour demandeurs d’asile pour les réfugiés ukrainiens
De qui vivent les réfugiés ukrainiens en France ? Emmanuelle Juan-Keunebroek et Fabienne Logerot nous éclairent. Les réfugiés ukrainiens ont une APS (autorisation provisoire de séjour) d’une durée de six mois renouvelables. Cette APS leur donne droit à l’ADA (allocation pour demandeur d’asile). Voici ce que disent les textes sur cette allocation : 6,80 euros par jour pour 1 personne + 3,40 euros, par jour, par personne supplémentaire. Une majoration de 7,40 euros est prévue par adulte (les enfants ne bénéficient pas de la majoration) en absence d’hébergement. Et lorsqu’il y a des enfants, la CAF intervient aussi. Les familles ont-elles assez pour vivre ? Franck Moset a glissé que l’ADA avait fait défaut deux mois de suite à certaines familles. De manière générale, à l’heure où l’inflation galopante grève le pouvoir d’achat, comme d’autres ménages, les familles ukrainiennes peuvent compter sur la solidarité des Restos du cœur et de la Croix rouge à Langres.