« Cette guerre va durer »

Un an après le début du conflit,

un des quatre agriculteurs

haut-marnais associés

dans une exploitation

en Ukraine revient

pour jhm quotidien

sur ce qui a changé

pour son activité.

Jean-Paul Kihm le reconnaît. Une attaque russe, « on n’y croyait pas une seule seconde », explique l’un des quatre associés haut-marnais dans l’exploitation céréalière Agro KMR. Mais l’offensive a finalement été déclenchée, le 24 février 2022, provoquant « une atmosphère de fin de monde ». Un an plus tard, alors qu’« on s’attendait à un raz-de-marée russe » dans les premières semaines, qu’« on avait ramené les épouses de nos salariés en France » (lire l’encadré), Vladimir Poutine n’a pas emporté la décision face à un peuple qui, « surtout depuis l’invasion de la Crimée en 2014, a développé un sentiment national » et formé corps derrière son Président. Aujourd’hui, le front est à 120 km de la ferme. Les salariés voient passer dans le ciel les missiles, les drones, mais il n’y a pas eu de combat dans la région de Pavlohrad, pas très loin du Donbass, où la société est basée.

Un entraîneur de foot tué

Pas de victime non plus parmi le personnel. « Aucun homme n’est parti se battre, explique depuis la France Jean-Paul Kihm. Deux raisons à cela : l’agriculture en Ukraine est un secteur économique important, et puis en raison du niveau de salaire que nous proposons, l’Etat serait obligé de compenser l’écart avec une solde. » En revanche, l’entraîneur de l’équipe de football « que nous subventionnons et que nous avons salarié a perdu la vie ».

Quelle tournure prendra ce conflit, qui a entraîné notamment une multiplication par quatre des coûts logistiques de la société ? L’agriculteur haut-marnais n’a pas de boule de cristal. Mais il a une conviction : « Cette guerre va durer. »

L. F.