Ukrainiens partagés entre partir et rester
Arrivés un 1er avril à 16 h 30 à la résidence de tourisme de Villegusien, après un périple en bus depuis l’Ukraine, la plupart des 46 ukrainiens sont encore présents, pris en charge par le PHILL à Langres et le Lien 52 qui leur apprend le français. Avec pour certains, l’espoir de repartir au pays.
«Je pensais que cela ne durerait pas plus de six à sept mois», reconnaît Natalia. Natalia est l’une des 46 personnes qui sont descendues du bus un dimanche 1er avril ensoleillé à la résidence de tourisme de Villegusien. Elles venaient de quitter l’Ukraine, elles venaient de partir précipitamment de Marioupol, de Kharkiv. Deux villes dont on ne connaissait même pas l’existence, avant l’offensive ravageuse russe.
Après avoir séjourné jusqu’au 14 juin à Villegusien, les réfugiés ont été transférés à Langres, sous la responsabilité du PHILL (Parcours Hébergement insertion Logement Langrois). Ils sont logés dans des appartements des Quartiers-Neufs grâce au dispositif national de l’Etat pour venir en aide aux réfugiés ukrainiens. Très vite, l’association Lien 52 est sollicitée afin d’organiser des cours de français pour les ukrainiens. A Villegusien, ce sont trois groupes qui bénéficient de trois après-midi d’apprentissage. Puis à Langres, les cours se poursuivent à la maison de quartier M2K, à la maison Adam. Et enfin dans un appartement des Quartiers-Neufs, mis à disposition par la Ville de Langres.
Intégration des ukrainiens
C’est dans cette salle de cours que nous avons retrouvé Anastasia, Natalia, Victoria, Albina et sa maman Katia. Des jeunes femmes qui comme Anastasia sont autonomes pour parler français et pour d’autres comme Natalia, pour qui l’apprentissage est un peu plus laborieux. Mais toutes ont cette volonté d’intégration. Anastasia travaille dans un restaurant (Lire par ailleurs), Katia elle est au Mc Do, Nadia est femme de chambre à l’hôtel Ibis-Budget. Le mari de Victoria a trouvé un emploi dans un autre restaurant langrois, le Noisetier. Victoria se souvient de ce jour de mars «où j’ai juste eu le temps de mettre quelques affaires dans un sac», pour prendre le bus vers la France.
«J’habitais dans une école, et j’ai eu cette opportunité de partir pour la France. Ici, j’ai un travail, une maison. Je ne souhaite plus repartir en Ukraine nous déclare Katia. Sa fille Albina, 16 ans, est lycéenne aux Franchises. Elle y apprend la cuisine. «Je parle beaucoup avec le professeur de français, c’est devenu un ami», fait remarquer Albina.
Natalia est partie avec son fils de 14 ans. Son mari ne l’a rejoint que dernièrement. «J’espère repartir très rapidement, dès que la guerre sera terminée», déclare Natalia.
«J’espère que la guerre se termine bientôt, mais je redoute que cela dure encore. Mais, il faut dire merci aux bénévoles qui nous aident ici, c’est très important pour nous», souligne Victoria.
C’est Alla qui suit pour le PHILL les ukrainiens présents à Langres. Ils sont une soixantaine avec ceux qui sont arrivés ici par leurs propres moyens. «Cinq sur les 46 du départ sont repartis en Ukraine ou dans d’autres pays rejoindre leur famille», indique Alla. En juin, le dispositif d’aides doit s’arrêter. Les ukrainiens en capacité de travailler, devront trouver un travail d’ici là s’ils souhaitent rester dans les logements mis à disposition. Ce qui effraie la présidente de Lien 52 Véronique Engelmann.
Ph. L.