Au fond du trou – L’édito de Patrice Chabanet

Voudrait-elle écœurer les électeurs qu’elle ne s’y prendrait pas autrement. Les convulsions de l’Assemblée nationale et les réglements de comptes au sein des partis font sombrer la classe politique. Dernier exemple en date : Aurélien Pradié, numéro deux de LR, démis de ses fonctions. Dans le dossier des retraites il avait défendu une position – une meilleure prise en compte des carrières longues – incompatible avec les choix stratégiques de la direction de son parti. A peine élu président de LR, Eric Ciotti ne pouvait pas tolérer les germes d’une fronde dont on ne mesure jamais à l’avance les dégâts qu’elle peut provoquer. Inutile de dire que l’image de la droite en sort dégradée. Elle n’avait vraiment pas besoin de ce qui, avec le temps, ressemble à un énième soubresaut.

Fort heureusement pour LR la décomposition accélérée de la gauche masque en partie ses difficultés. Le final du débat à l’Assemblée nationale sur la réforme des retraites a été grandiose, si l’on ose dire. Dans son réduit, la France insoumise a sorti le grand jeu des invectives, des vociférations et du vacarme. A la fin de ce tohu-bohu, Mathilde Panot, présidente du groupe a donné l’impression de jouer les Rosa Luxemburg, cette révolutionnaire allemande du début du XXe siècle. Une prestation affligeante. La survie de la Nupes est plus que compromise.

Pour sûr, les Français ne comprennent plus rien au projet de réforme, mal ficelé. Ils le rejettent même. Sans pour autant plébisciter l’extrême gauche ou l’extrême droite. Quel mot choisir pour définir l’état de la France aujourd’hui ? Décomposition ? Chaos ? Désespoir ? Révolte rentrée ? Fuite dans le brouillard ? Les spécialistes – les vrais – reconnaissent se perdre en conjectures. On les comprend.