Y être sans y être – L’édito de Christophe Bonnefoy
Cette fois, on y est. Enfin… on y est, sans y être vraiment. A l’heure où vous lirez ces lignes, comme on dit communément, minuit aura sonné depuis quelques heures, après une ultime journée d’examen de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale. On ne sait pas si la citrouille se sera transformée en carrosse – ou inversement -. On est en revanche sûr que la caravane parlementaire aura, elle roulé, le temps des débats, sur trois roues.
Quel bazar… D’invectives en SMS qui n’ont rien à voir avec la chose politique, de milliers d’amendements en blocages divers et variés, d’approximations en manœuvres quelque peu bizarroïdes, le projet n’aura pas vraiment été discuté dans une grande sérénité. Ce vendredi encore, les suspensions de séance ont succédé aux rappels au règlement. Pas de quoi être fier. On a aussi vu LR et, plus étonnant, le groupe Horizons, allié du gouvernement, y aller de leurs amendements. Autant dire que rien n’aura été, ni très clair, ni très constructif pendant ces derniers jours. Et que cette réforme, qu’elle soit finalement votée ou signe son acte de naissance par un 47.1 très contesté, n’aura été construite qu’à coup de ciment mal aggloméré.
Désormais, le combat ne semble même plus politique. Le 7 mars est d’ores et déjà annoncé comme le jour du début des blocages… mais plus dans l’hémicycle. Pour préciser les choses, la CGT a ainsi appelé les raffineries à une grève illimitée à partir du 6. Raffineries. On sait ce que sous-entend leur arrêt total. Ça ne rigole plus, si l’on peut dire. Objectif : faire reculer le gouvernement par «l’arrêt du pays», quand les élucubrations à l’Assemblée n’ont, elles, mené à rien.