Malvenu – L’édito de Christophe Bonnefoy
Une affaire est toujours malvenue. Surtout quand elle touche un politique. Forcément quand elle concerne un ministre. Encore plus, évidemment, lorsqu’il est déjà sous les feux de l’actualité pour un projet de réforme loin de faire l’unanimité. Et en même temps – l’expression est à la mode -, tout ce qui est extra-politique, donc potentiellement judiciarisable et condamnable pénalement, fragilise le gouvernement auquel il appartient.
Une affaire, quelle qu’elle soit, jette en outre le discrédit sur une sphère politique déjà largement remise en question par des Français qui traduisent leur défiance, notamment par une abstention record.
Alors certes, les révélations qui visent le ministre du Travail, Olivier Dussopt, identifient des faits qui datent de presque quinze ans. Certes, il est, comme on dit, présumé innocent. Mais celui qui était à l’époque député-maire d’Annonay est aujourd’hui soupçonné par le Parquet national financier de favoritisme dans une histoire d’attribution de marché à un groupe de traitement des eaux en 2009.
Visé n’est pas coupable. Mais bien inconfortable. Celui qui s’apprête à défendre devant le Parlement la réforme des retraites n’est pas dans l’urgence judiciaire. Plutôt dans celle d’un débat qui s’annonçait déjà houleux. Nul doute maintenant que les opposants les plus farouches – pas de noms, on les connaît déjà… – le rendront un peu plus irrespirable encore en accrochant à leurs 20 000 amendements un wagon supplémentaire. Les arguments risquent de voler bas, dès lors qu’Olivier Dussopt quittera son banc pour approcher le micro de l’hémicycle.
Qu’on soit pour ou contre cette réforme des retraites, il faut bien avouer que le timing est catastrophique pour le gouvernement. Et on se demande pendant combien de temps encore Olivier Dussopt aura « toute la confiance de la Première ministre ». Dixit Matignon.
Soit dit en passant, un sujet aussi essentiel pour nos vies futures et celles des générations qui nous succéderont méritait beaucoup mieux que ce à quoi on assiste depuis des semaines, d’un côté comme de l’autre.