La CFE-CGC alerte les parlementaires sur le projet de réforme
A l’initiative de leurs instances nationales, les unions départementales de la Confédération française de l’encadrement ont été invités à rencontrer leurs parlementaires. Les rendez-vous ont eu lieu vendredi.
Les sénateurs, le matin. Les députés, l’après-midi. Vendredi 3 février, l’union départementale de la Confédération française de l’encadrement – Confédération générale des cadres (CFE-CGC), dont le comité est présidé par Mireille Bourcelot, a rencontré à Chaumont ses quatre parlementaires pour relayer les craintes de l’organisation syndicale sur la réforme des retraites. « Cet acte nous paraît d’une extrême gravité pour la cohésion nationale », avait exposé le syndicat dans son courrier d’invitation. Il est de nature à provoquer « un conflit social majeur qui se prépare dont la France devrait pouvoir faire l’économie », estime la CFE-CGC, membre de l’intersyndicale. « Pas de recul de l’âge légal, pas d’augmentation du nombre de trimestres, promotion du travail des seniors » : voilà, selon Mireille Bourcelot, les trois revendications défendues par son organisation présidée par François Hommeril.
« Injuste et brutal »
Les deux députés de la Haute-Marne étant membres du groupe RN à l’Assemblée nationale, ils étaient forcément sur la même longue d’onde que leurs trois interlocuteurs syndicalistes, Mireille Bourcelot, Pascal Bernand et Patrick Penelon. « C’est un projet injuste et brutal », estime Christophe Bentz. « Il est brutal dans un contexte de crise, souligne Laurence Robert-Dehault. Alors que les Français subissent la hausse du prix des produits alimentaires, du prix du carburant, le gouvernement leur demande de travailler plus longtemps, sans tenir compte de la pénibilité des métiers dans la ruralité. C’est le projet de personnes qui ne sont pas sur le terrain ! »
« Passage en force »
Et tous deux de fustiger la « brutalité des propos » du Président et de la Première ministre. « Le gouvernement n’a pas la majorité au Sénat, n’a pas la majorité absolue à l’Assemblée, et il nous dit « c’est 64 ans et ce ne sera pas négociable ! », déplore Christophe Bentz. Depuis six ans, Macron passe en force et méprise les corps sociaux comme les syndicats. Ce n’est pas acceptable ! » Mais pour le député de Chaumont et Langres, il est possible, dès lundi, de porter un coup d’arrêt au projet : par la motion référendaire que déposera le groupe RN (lire l’encadré).
L. F.
« La Nupes a la clé et une grande responsabilité »
Les deux principaux groupes d’opposition à l’Assemblée ont décidé de déposer chacun une motion réclamant la tenue d’un référendum sur le projet : la Nupes (149 inscrits) et le RN (88 inscrits). Le cas ne s’étant jamais présenté de deux groupes opposants d’importance, un tirage au sort a été effectué, et c’est le groupe du RN qui a été désigné. « Pensant que c’est sa motion qui sortirait gagnante, Jean-Luc Mélenchon avait appelé tous les partis politiques à la voter », rappelle Laurence Robert-Dehault, qui espère – sans trop y croire – que la Nupes fera de même pour celle du RN. « La Nupes a la clé et une grande responsabilité, insiste Christophe Bentz. Lundi, ce sera la dernière chance d’imposer à Macron un référendum, et on sait que 70 % des Français sont contre ce projet. Mais si la Nupes vote contre notre motion, elle permettra à la réforme d’être débattue pendant 72 heures, avec techniquement un risque d’être adoptée ! » Reste toutefois également au Président d’accepter, ou non, d’organiser ce référendum, car rien légalement ne l’y oblige.