Révoltant – L’édito de Christophe Bonnefoy
Poignant. Voilà comment on pourrait qualifier le témoignage de la maman de Lucas devant les caméras ce lundi, après le suicide de son fils le 7 janvier. Rappelons que le garçon de 13 ans s’est donné la mort après ce qui semble bien être un harcèlement de la part d’autres collégiens.
Révoltant. Lorsqu’une mère vient parler à la presse dans ces conditions, c’est bien évidemment qu’il est déjà trop tard. Que ce qui aurait dû être fait ne l’a pas été. Forcément. Que Lucas n’ait pas osé parler, que ses harceleurs n’aient pas compris jusqu’où pouvait mener leur bêtise ou que les institutions n’aient pas su ou pu enrayer le mal à la racine. Il y a eu manque. C’est une évidence. Un enfant de 13 ans ne peut pas décider un jour d’abréger son existence parce que d’autres, de son âge, se sont amusés à le moquer. C’est inconcevable. Et pourtant…
L’âme humaine est ainsi faite, malheureusement. Le harceleur ne s’attaque évidemment jamais à plus fort que lui. Même pour ce qu’il considère être un jeu – quel paradoxe -, il choisit sa proie : vulnérable, par définition plus faible que lui – quel courage ! – et agit de préférence en groupe. C’est tellement plus facile.
Comme il est aisé, parfois, d’appeler enfant celui qui a la cruauté d’un adulte… ! La prévention, oui. L’explication, oui. La mise en place de signaux d’alerte, oui. Mais lorsqu’ils ne suffisent pas et mènent au pire, ils révèlent une inquiétante impuissance. Et la nécessité, sans doute, de ne jamais considérer qu’une première humiliation, un premier acte imbécile, un premier mot de travers est sans gravité. C’est précisément le point de départ possible du harcèlement.