Retraites : les syndicats prêts pour un deuxième round
SOCIÉTÉ. Après une première mobilisation massive dans les rues de la cité bragarde, les syndicats, toujours fermement opposés à la réforme des retraites, comptent bien réitérer l’exploit, mardi 31 janvier. Un nouvel appel à manifester a ainsi été lancé, mais pas seulement.
Les tentatives maladroites du gouvernement pour apaiser les tensions n’y auront rien fait. La réforme des retraites ne passe toujours pas côté syndicats. « Ça va se durcir au fur et à mesure », prévient Bernard Kovalenko de la CGT retraités, appuyé à la porte, main gauche dans la poche. L’intersyndicale bragarde, réunie mercredi 25 janvier à la maison des syndicats, compte bien faire savoir une nouvelle fois son mécontentement en descendant dans la rue, mardi 31 janvier.
La journée promet d’être bien remplie. Après un barbecue, à la mi-journée, les membres de l’intersyndicale comptent organiser un temps d’échange sur la place de la mairie. Dans quel but ? Expliquer aux intéressés les problèmes inhérents à la réforme des retraites et les raisons pour lesquelles les syndicats souhaitent son retrait (lire ci-dessous). Mais ce n’est pas tout, assurent les syndicats.
Barbecue, concert et graffiti
Moins ordinaire que des tractages aux quatre coins de la ville, l’intersyndicale aimerait créer « une sorte de kermesse » tout l’après-midi, pour faire passer son message dans la bonne humeur. « Si deux, trois musiciens se sentent de jouer de leurs instruments, il pourrait y avoir un concert. On pourra aussi organiser des lectures, ou faire des tags », détaille Eric Bardot, membre de SUD Éducation. Avis aux artistes donc. Et puis, à 17 h, la manifestation en tant que telle s’élancera.
L’intersyndicale a bon espoir de fédérer toujours plus de Bragards. « Si on est plus de 2 000, ce sera très bien, même si on espère être 5 000 », confie d’une même voix l’intersyndicale. Sylvain Renaud, président de l’union locale de la CFTC, semble optimiste : « L’État nous rassemble tous, public, privé, artisans, même les professions libérales ! » Les Bragards entendront-ils ce nouvel appel ? Réponse mardi 31 janvier.
Un combat parti pour durer ?
Côté exécutif, la procédure d’adoption de la loi qui devait durer quelques mois risque d’être bien plus rapide que prévu. Le recours à l’article 47-1 de la Constitution semble privilégié. Celui-ci réduirait le débat parlementaire à 50 jours maximum. Si, au final, le texte n’est toujours pas adopté – ce qui semble complexe compte tenu des plus de 7 000 amendements déjà déposés – le gouvernement pourra alors faire passer la réforme par ordonnance. Le texte de loi entrerait en vigueur au 1er septembre 2023.
D’ici là, la lutte promet d’être intense. « On en est qu’au début », assure Manuel Porcar, secrétaire général de la CGT à Saint-Dizier. « Pour l’instant, on en est au stade de parler un peu plus fort pour être entendus. Si le gouvernement ne comprend pas, il faudra peut-être passer à autre chose. » Le ton est donné.
Pour l’intersyndicale, « c’est la guerre »
DISCORDE. L’intersyndicale bragarde est fermement opposée au projet de réforme des retraites. Plusieurs aspects de cette dernière sont pointés du doigt.
Mâchoires serrées, nerfs à vif, les syndicats en avaient gros, mercredi 25 janvier. Réunis à la maison des syndicats, ils ont tenu – en parallèle de leur appel à manifester – à rappeler les diverses et nombreuses raisons de leur colère. « Cette réforme n’a rien à faire là », lâche d’entrée de jeu Eric Bardot, membre de SUD Éducation.
Pénibilité, inégalité femmes-hommes…
Premier point d’achoppement : la pénibilité du travail. « Il y en a beaucoup, à 50 ans, qui ne peuvent plus travailler parce qu’ils ont été brisés physiquement par le monde du travail régi par des cadences toujours plus élevées. Qu’est-ce qu’ils font pour améliorer les conditions de travail des gens ? », s’exaspère Manuel Porcar, secrétaire général de la CGT à Saint-Dizier. « Ce que le gouvernement devrait faire, c’est étudier la pénibilité pour chaque poste, équilibrer et faire des barèmes, comme ils aiment bien dire », appuie, grinçant, William Olivo de Force ouvrière.
Les femmes sont également les grandes perdantes de cette réforme, selon l’intersyndicale. « Les personnes les plus précaires, les femmes notamment, vont être contraintes de travailler plus longtemps, ce n’est pas normal ! », s’indigne Manuel Porcar. « Dire que les femmes et les hommes sont égaux face à cette réforme est un mensonge », abonde Bernard Kovalenko, de la CGT retraités.
Mais le point le plus sensible est le report de l’âge de départ à la retraite. Régis Chompret, responsable de la CFDT de Saint-Dizier explique : « Une réforme est une amélioration, soit des conditions sociales, soit de l’activité. Là, c’est une régression sociale qu’on nous propose. » Et William Olivo de conclure : « Le gouvernement a décidé de mener une guerre idéologique contre les travailleurs. Nous sommes prêts. C’est la guerre. »
Dominique Lemoine et Dorian Lacour