Crise énergétique dans les boulangeries: « Ils veulent tuer les artisans »
Avec les nombreuses augmentations de ces derniers mois, plusieurs boulangers sur le territoire chaumontais, se retrouvent soit à faire des « économies de bouts de chandelles » afin de rester ouvert, soit, au pire des cas, sont obligés de fermer. Exemples à Chaumont, Biesles et Villiers-le-Sec.
Ce n’est un mystère pour personne. Depuis de nombreux mois, les factures d’électricité, de gaz, de matières premières et de gasoil ont très fortement augmenté. La situation est telle que plusieurs boulangeries sur le territoire chaumontais traversent une crise sans précédent.
« Nous avons plusieurs boutiques sur Chaumont. A présent, par mois, nous sommes à près de 16 000 € rien qu’en électricité. Le beurre et la farine ont presque doublé. Il faudrait passer notre baguette à quasiment 2 € pour équilibrer les comptes. Mais nous ne voulons pas augmenter nos prix, car nos clients, aussi, sont touchés par cette crise », explique un boulanger avant d’ajouter, « nous réfléchissons à fermer certaines de nos boutiques, car financièrement, ce n’est pas jouable. Ils veulent tuer les artisans. Nous sommes dégoûtés. Les grandes surfaces et les grandes chaînes cassent tout, ce n’est pas équitable. »
La fermeture d’une boulangerie après 15 ans d’existence
Ce constat amer est partagé par la boulangerie Sylvestre de Villiers-le-Sec. Malheureusement, celle-ci a décidé de fermer sa boutique installée depuis 15 ans dans la commune, ce dimanche 29 janvier. « Les murs sont en vente depuis 15 jours. Sur les dernières factures, notre électricité a été multipliée par 4. » La boulangerie réalisait des tournées sur plusieurs communes alentours. Dorénavant les clients devront venir à Chaumont pour acheter leurs pains et leurs viennoiseries.
« C’est un crève-cœur de partir, nous avons eu une clientèle fidèle et dévouée pendant toutes ces années. Un commerce comme le nôtre apporte de la vie dans les petites communes, les gens se rencontrent et échangent. » L’équipe de cette boulangerie se retrouve contrainte de retourner sur le marché du travail. « En tant qu’artisan, nous n’avons le droit à rien », déplore la boulangerie Sylvestre.
Une aide de 156 € par an pour le gaz
La situation est également très tendue pour la boulangerie Payo de Biesles, installée dans cette ville depuis 26 ans. « Notre four et notre chauffage marchent au gaz et les tarifs ont été multipliés par 3. Nous sommes à 6 500 € par an à présent et on nous a accordé une aide de 156 € pour l’année, ce qui est très peu. » Le contrat d’électricité doit être revu à la fin du mois de janvier. « Notre comptable a réalisé deux demandes afin d’obtenir une aide supplémentaire. Pour l’instant, nous n’avons pas eu de réponse. Nous croisons les doigts.
Pour faire quelques économies, la boutique ne fait à présent qu’une seule cuisson dans la journée. « Nos boulangers arrivent pendant les heures creuses afin que tout soit prêt pour 7h. Nos clients font parfois des réservations, car il est déjà arrivé qu’à 11h30 il n’y ait plus de pain. » La boulangerie a également été contrainte de licencier une vendeuse qui réalisait les tournées tous les jours. « Nous les faisons nous-même à présent, trois jours dans la semaine. Nelly notre autre vendeuse reste à la boutique. Tout ceci représente au final des économies de bouts de chandelles. »
La boulangerie est aussi touchée par la hausse des prix des matières premières. « Ce ne sont que des produits locaux. Nous avons été obligés d’augmenter de 10 centimes nos baguettes et 5 centimes nos viennoiseries. Nous ne pouvons pas faire plus par respect pour notre clientèle. »
Bien que les murs de la boutique soient en vente depuis un certain temps, la boulangerie Payo ne fermera pas, du moins, si elle peut bénéficier du bouclier énergétique mis en place par EDF. « Les propriétaires ont mis une clause pour que nous puissions rester. C’est terrible mais là on survit. On se bat néanmoins. Nos clients veulent nous aider en créant des cagnottes, mais eux aussi connaissent des difficultés alors nous ne leur demandons rien. Leur fidélité est déjà très importante à nos yeux. »
Le coup de pouce de la CGT Énergie de Marseille
La CGT Énergie de Marseille a fait passer, sur la journée du lundi 23 janvier, plusieurs boulangeries de la ville en tarif réduit pour soutenir la profession, selon nos confrères de France 3 Provence-Alpes Côte d’Azur. Si cela avait perduré, une baisse de 60% sur les factures aurait été visible selon eux. Cependant, celle-ci a été jugée illégale, mais complètement morale par Renaud Henry, secrétaire général de la CGT Énergie Marseille.
Une rumeur infondée
Depuis plusieurs jours, la rumeur court que la boulangerie de Juzennecourt de Noviant Valério serait sur le point de fermer. En fait, il n’en est rien, assure le boulanger. « J’ai fait venir une équipe de télévision pour parler des tournées de livraison, mais c’est tout, je ne vais pas fermer. »
Caroline M.Dermy