Le grand dépérissement – L’édito de Patrice Chabanet
Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Les partis dits de gouvernement tentent de sortir la tête de l’eau, mais c’est plus fort qu’eux : ils succombent au plaisir morbide de la division. Le congrès du PS qui a commencé hier à Marseille en apporte la preuve caricaturale. Il devrait entériner la victoire, auprès des militants, d’Olivier Faure sur Nicolas Mayer-Rossignol. Elle le sera peut-être, mais les couteaux seront sortis dans les couloirs. Trop de haine entre les deux camps, alimentée par le score très serré du vote. Trop de divergences sur le fond : union de la gauche ou non avec la Nupes ? On n’est plus dans les années 70 où ladite union se faisait autour d’un PS dominant. Marcher à la baguette derrière la France insoumise ne passe pas chez de nombreux socialistes, militants ou sympathisants. Ce n’est pas le « coordinateur national » du mouvement, Manuel Bompard qui va les rassurer. Personnage sans charisme, c’est d’abord une créature de Jean-Luc Mélenchon.
Les socialistes ont un motif de satisfaction : les Républicains ne font pas mieux pour échapper au grand dépérissement qui les ronge lentement mais sûrement. Plus on est de fous, plus on rit… Le nouveau bureau politique du parti est composé de 80 membres qui se détestent cordialement au gré de leurs affinités. Bonjour, pour définir une stratégie acceptée par tous.
Quant au parti présidentiel, Renaissance, on imagine déjà la foire d’empoigne pour désigner celui qui portera ses couleurs à la prochaine présidentielle, Emmanuel Macron ne pouvant se représenter.
Consolation suprême : les partis allemands et britanniques sont rongés par le même mal que leurs homologues français. Les luttes fratricides l’emportent sur l’intérêt général. Ainsi va la vie politique. Lénine avait rangé le gauchisme dans les maladies infantiles du communisme. Nos partis de gouvernement seraient-ils à classer dans les maladies séniles de la démocratie ? Pas encore, mais l’urgence est là : réveillez-vous !