Optimiser la consommation de son chauffe-eau
Solutions. Fin 2021, Chaumont Habitat a équipé certains chauffe-eau avec un boitier analysant la consommation d’eau. L’objectif : réduire la consommation d’énergie, les factures et les émissions de Co2. Les résultats sont positifs. L’ensemble du parc en sera équipé d’ici la fin de l’année.
Fin 2021, Chaumont Habitat a équipé les chauffe-eau de 400 appartements de l’avenue Forgeot avec des boitiers optimisant la chauffe des cumulus. Ainsi, moins d’électricité est utilisée pour chauffer l’eau. Les factures baissent et moins de Co2 est émis. Ce premier essai s’est avéré concluant. D’ici la fin de l’année, le dispositif va être déployé à l’ensemble du parc du bailleur social.
« Cela ne sert à rien de chauffer le ballon à 10 h pour une utilisation à 18 h. »
Branché sur le ballon d’eau chaude, l’appareil analyse les heures de consommation du foyer afin d’adapter les moments de chauffe. Pour cause, les cumulus surconsomment en produisant en continu de l’eau chaude, souvent non utilisée. « Cela ne sert à rien de chauffer le ballon à 10 h pour une utilisation à 18 h », souligne Sébastien Agnus, directeur général adjoint de Chaumont Habitat.
Pour ce faire, une première phase de deux mois est dédiée à l’analyse de la fréquence d’utilisation. Dans un deuxième temps, le boitier commence son travail d’optimisation. La chauffe n’est alors plus continue. Puis, il y a à nouveau trois mois d’observation.
154 € en moins sur la facture par an
Au terme de l’expérimentation, il a été demandé aux locataires de Chaumont Habitat si ce nouveau dispositif les gênait dans leur utilisation d’eau. « Les locataires ne nous ont pas remonté d’insatisfaction », indique Sébastien Agnus. En moyenne, les kwh utilisés ont baissé de 45 %. Ce qui a représenté un gain financier de 154 € par an. Pour les émissions de carbone de la production électrique, cela représente une économie annuelle de 250 kg Co2 par logement (voir encadré).
A noter, avec l’augmentation du coût l’électricité, ces économies financières ne peuvent pas être garanties. « Avec la hausse des prix, on ne peut pas certifier que la facture va baisser. Cela dépendra notamment de l’évolution du bouclier tarifaire. Peut-être que la facture restera identique malgré la baisse de consommation », explique Flavien Loiseau, commercial chez Elax Energie, l’entreprise qui produit le boitier.
Une innovation à ses débuts
Par ailleurs, une sonde détecte les éventuelles fuites d’eau ou résistances entartrées. Bien qu’en général ces dysfonctionnements n’impliquent pas des réparations complexes, ils sont souvent difficiles à détecter. Et cela se ressent sur les factures. Le boitier vise donc également à optimiser la maintenance des chaudières.
A terme, ces données seront envoyées directement au prestataire de maintenance immobilière du bailleur social, Iserba. « Il sera déjà au courant de la fuite avant même que le locataire ne s’en rende compte », s’enthousiasme Sébastien Agnus.
De son côté, Elax Energie est actuellement en discussion avec EDF afin de caler les temps de chauffe sur les heures creuses. Cela induirait à la fois des économies d’énergie et un déchargement du réseau électrique. Par ailleurs, l’entreprise réfléchit à élargir son boitier aux VMC, gaz collectif, groupe électrogène ou encore aux réfrigérateurs de grandes surfaces.
Julia Guinamard
Une technologie pensée pour être écologique
En optimisant le temps de chauffe des cumulus, moins d’électricité est consommée. Par conséquent, moins de Co2 est émis. Selon l’entreprise Elax Energie, cela représente, par an et par logement, une baisse de 250 kg de Co2. Ce calcul est basé uniquement sur les émissions de la production électrique française, peu carbonée grâce au nucléaire. Il ne prend donc pas en compte les émissions de la construction du boitier ou du stockage de données, qui se soustrairaient donc aux 250 kg de Co2.
« Le boitier a un impact carbone », reconnait Flavien Loiseau, commercial chez Elax Energie. Qui souligne : « Les boitiers sont produits en France, à Lanion. Seulement les câbles et les microprocesseurs sont produits à l’étranger, respectivement en Italie et en Asie ».
Le boitier d’Elax Energie est reconnu par le gouvernement pour vendre des certificats d’économies d’énergie (CEE). Ces certificats sont vendus à d’autres entreprises afin de compenser la pollution qu’elles émettent.
Des données stockées chez un hébergeur français
Le boitier optimise la chauffe des cumulus grâce à un traitement de données. Afin de calibrer le chauffe-eau, des données sont envoyées toutes les 5 à 10 min. Cette analyse précise des habitudes de consommation reflète directement l’intimité des occupants du logement. Ainsi, leur utilisation est encadrée.
« Les données sont anonymisées et traitées uniquement dans le but de réaliser des économies d’énergies. En aucun cas elles sont utilisées à des fins commerciales », indique Flavien Loiseau, commercial chez Elax Energie. Par ailleurs, elles sont stockées chez l’hébergeur français OVH. Un gage de respect du règlement général sur la protection des données (RGPD).
En effet, en 2018, les États-Unis ont adopté le CLOUD Act qui permet aux forces de l’ordre et aux agences de renseignement américaines d’accéder aux données des hébergeurs de données, qu’elles soient stockées aux États-Unis ou à l’étranger. Et, dans la pratique, le CLOUD Act prévaut sur le RGPD européen.